mercredi, mars 04, 2009

Une bavure filmée fait scandale en Israël

L'association israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a diffusé, dimanche 20 juillet, une vidéo datée du début du mois, qui montre, dans le village cisjordanien de Nilin, un soldat israélien tirer une balle en caoutchouc sur un Palestinien menotté et les yeux bandés à 1,50 m. L'armée israélienne a ouvert une enquête et le soldat a été arrêté. Dans un communiqué, Tsahal déclare qu'"il s'agit d'un grave incident en totale violation des règles de conduite et de sécurité".



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http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2008/07/21/
une-bavure-filmee-fait-scandale-en-israel_1075638_3218.html

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Israel, sa stratégie cachée

L'offensive de grande envergure lancée contre une population civile, concentrée dans ce qui est un véritable ghetto, un camp de concentration. Car ces gens sont enfermés dans un territoire dont ils ne peuvent pas sortir.

1ère partie


2ème partie

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vendredi, janvier 09, 2009

Gaza et nos médias: que pouvons-nous faire ?

Communiqué de l'UAM-93

L’éthique professionnelle du journaliste lui commande de se conformer à un code, dans l’exercice de son art, code dont le principe fondamental est de respecter celui qu’il informe par le rapport de faits réels, d’événements tels qu’ils se passent dans le monde, sans fard, ni distorsion.

Or, nous constatons, en France, l’exercice calamiteux d’une profession pourtant noble, attendu la pression de groupes dont le but est de formater les esprits par la création d’une pensée monolithique.

Il n’est de jour sans mensonge de la part de nos médias, sans trahison de la vérité, sans maquillage, sans travestissement, sans triche. Il n’est de jour sans mise à l’index d’une population en raison de son appartenance religieuse ou raciale. Il n’est de jour sans suscitation de la haine, sans mise au ban d’une certaine catégorie de la population.

Le constat est douloureux, aujourd’hui, et nous révèle des médias de moins en moins indépendants, dans les mains de grands industriels, entretenant la pensée unique, et dés fois incitant au choc des civilisations.

L’attaque de Gaza par Israël a eu pour unique avantage de discréditer définitivement nos médias, absents du terrain et ne réservant aucune couverture spéciale. La mise en balance, par nos médias, d’un tir de roquette ne faisant que des dégâts matériels et l’action planifiée d’une armée contre une population civile désarmée, affamée, ghettoïsée, est insupportable. La mise en évidence du pseudo-traumatisme engendré par les Kassem sur la population israélienne et l’indigence sinon l’absence d’images sur la boucherie perpétrée par une armée suréquipée sur des victimes innocentes, disqualifie non seulement nos médias mais la rend coupable de rétention d’information, d’intelligence avec une puissance étrangère et de complicité dans la perpétration de crimes de guerre et de génocide du peuple palestinien.

Aussi est-il nécessaire d’apporter, en France, une solution au pouvoir exercé par des médias ayant failli à leurs devoirs et à leurs obligations.

Dès lors, la création d’un contre-pouvoir médiatique, afin de briser le système de pensée unique, s’impose.

Pour ce faire, la population française se doit d’être informée, dans sa langue, très justement sur les crimes perpétrés dans le monde, en général, et dans Gaza, en particulier.

Les véritables informations qui nous sont fournies, aujourd’hui, sur les événements de Gaza, n’existent qu’à travers une chaîne, neutre, dont les journalistes, sur le terrain, prennent de véritables risques tout en se conformant au respect du droit d’informer.

Cette chaîne, Al Jazeera, est, hélas, en arabe et en anglais.

Aussi, serait-il nécessaire de favoriser et d’aider son implantation dans notre pays, à travers une Al Jazeera en français, afin de contrebalancer, de manière effective, nos médias qui -sur certains sujets- sont de plus en plus partiels et dont la langue de bois parait être la vertu première.

Dans ce cadre précis, l'Union des Associations Musulmanes de la Seine-Saint-Denis (UAM-93) veut présenter une demande officielle à Al Jazeera pour développer une Al Jazeera francophone, le plus rapidement possible.

Merci de nous contacter pour soutenir cette demande (nom, prénom, tél., qualité) à l'émail suivant : aljazeera@live.fr

Fait à Bobigny, le 7 janvier 2009
Le Président de l’UAM-93
H. FARSADOU

www.uam93.net

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GAZA - Nouvelles manifestations partout en France - 10 Janvier 2009

Paris - La prochaine grande journée de mobilisation nationale est annoncée par le Collectif National au samedi 10 janvier 2009, avec un rendez-vous fixé à Paris à 15h, Place de la République.



Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens

10 janvier : manifestons partout en France !

Suite au lancement de l’offensive terrestre israélienne, et aux crimes de guerre supplémentaires qu’elle annonce, il est évidemment nécessaire de rester très mobilisés. Voici la liste des nouvelles manifestations prévues partout en France.

Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens

GAZA : ARRETONS LE MASSACRE DU PEUPLE PALESTINIEN !

Un million et demi de personnes assiégées affamées, bombardées depuis 18 mois c’est une punition collective et donc un crime de guerre aux termes de la 4e convention de Genève art. 33. Un million et demi de personnes qui subissent une agression d’une violence sans précédant de l’armée israélienne, c’est encore un crime de guerre ! L’union Européenne a donné le feu vert à Israël pour ce crime en décidant à l’initiative de sa présidence française, et contre le parlement européen, du « rehaussement » du statut des relations Union Européenne -Israël. Nous, organisations du collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, signataires de cet appel , exigeons :

L’arrêt du massacre

La levée immédiate et totale du blocus

la suspension de tout accord d’association entre l’UE et Israêl

des sanctions immédiates contre Israël

la protection de la population de Gaza et de tout le peuple palestinien

Premiers Signataires : Américains contre la Guerre (AAW) France, Agir Contre la Guerre (ACG),AFD france, AFPS, AJPF, ATF,Association des Marocains de France, Associations des Travailleurs Maghrébins de France, CCIPPP,Collectif des Musulmans de France, Collectif Faty Koumba, Ettajdid France, FTCR, Génération Palestine, GUPS France, Ligue Communiste Révolutionnaire, MIR, MIB, MRAP, NPA, Parti Communiste Français (PCF), PCOF, PDP, Solidarité tunisienne, Union juive française pour la paix, UTIT, Femmes en Noir, CPPI Saint Denis, La Courneuve Palestine, Association Républicaine des Anciens Combattants Les VERTS. Les Alternatifs . CVPR PRO. ASHDOM. Farrah-France, Handicap-Solidarité, AIPPP, Civimed Initiatives, Coordination de l’Appel de Strasbourg, Collectif judéo arabe et citoyen pour la paix, Cedetim, Droits devant, S’en sortir Ensemble, Mouvement des quartiers pour la justice sociale,Solidarité Palestine 18°,Droits devant !!,ACU : association des communistes unitaires, CNCU,coordination nationale des collectifs unitaires, Stop Précarité, Comité de solidaritéMartiniquePalestine,Union des Musulmans de Seine Saint Denis, le Cercle Frantz Fanon, UJAJAF, ATL Jenine, Réseau Féministe « Ruptures », Emancipation tendance intersyndicale, Collectif Feministe Pour l’Egalité ...

Paris - La prochaine grande journée de mobilisation nationale est annoncée par le Collectif National au samedi 10 janvier 2009, avec un rendez-vous fixé à Paris à 15h, Place de la République.

En province :

mardi 6 janvier 2009

Aubenas - MARDI 06 JANVIER A 17 HEURES, Rassemblement ROND POINT DU CHAMP DE MARS (pas loin de la poste)

Lyon - VEILLEE TOUS LES SOIRS à partir de 17 H OO DEVANT L’OPERA à partir de ce lundi 5 janvier, Place de la Comédie à Lyon (métro A - Hôtel de Ville)

Pau : Sur notre département le Collectif Palestine 65 et le Mouvement de la Paix appellent à un rassemblement à la préfecture. Mardi 6 janvier à 17h30 place de Verdun.

Perpignan - Mardi 06.01 rassemblement à 18h30 place ARAGO avec des bougies.

Poitiers - Manifestation à 18 heures devant la Préfecture

St Brieuc - rassemblement chaque soir de la semaine, Place Saint Guillaume à 18 heures.

Tours - Manifestation à l’appel de syndicats, partis politiques et associations.

mercredi 7 janvier 2009 Angoulême

Caen - Pour manifester leur soutien au peuple palestinien et à sa résistance, leur condamnation des crimes de guerre commis par Israël, le Collectif 14 de Solidarité avec la Palestine appelle les caennais à se rassembler mercredi 7 janvier à 17h30 Place du Théâtre. Collectif 14 de Solidarité avec la PALESTINE : AFPS-14, ATTAC-14, CIMADE, Femmes en Noir, Ligue des Droits de l’Homme, Mouvement de la Paix, Résistances, Shalom Paix Salam, Terre des Hommes, Trait d’Union, Vie Nouvelle ; FSU, SGEN-CFDT, Solidaires, UNEF ; ANPAG, Citoyens à Caen, LCR, PCF, Parti de la Gauche, PS, Les Verts.

Chambéry - Nouvelle manifestation prévue le mercredi 7

Lyon - VEILLEE TOUS LES SOIRS à partir de 17 H OO DEVANT L’OPERA à partir de ce lundi 5 janvier, Place de la Comédie à Lyon (métro A - Hôtel de Ville)

Rennes : Le mercredi 7 janvier à partir de 17h30 AFPS, MRAP, Mouvement de la Paix, ANACR, LCR-NPA, Parti de Gauche, Lale, AETTR, MIR, FSU, SNES, CNT

St Brieuc - rassemblement chaque soir de la semaine, Place Saint Guillaume à 18 heures.

Valence - Grande manifestation départementale à Valence, Drôme, mercredi 7 janvier. Rassemblement devant la gare à 17 h 30 puis manifestation jusqu’à la préfecture à l’appel de nombreuses organisations.

jeudi 8 janvier 2009 Lyon - VEILLEE TOUS LES SOIRS à partir de 17 H OO DEVANT L’OPERA à partir de ce lundi 5 janvier, Place de la Comédie à Lyon (métro A - Hôtel de Ville)

Perpignan - Jeudi 08.01.2009 rassemblement 18 h30 place ARAGO

St Brieuc - rassemblement chaque soir de la semaine, Place Saint Guillaume à 18 heures.

vendredi 9 janvier 2009 Lyon - VEILLEE TOUS LES SOIRS à partir de 17 H OO DEVANT L’OPERA à partir de ce lundi 5 janvier, Place de la Comédie à Lyon (métro A - Hôtel de Ville)

St Brieuc - rassemblement chaque soir de la semaine, Place Saint Guillaume à 18 heures.

samedi 10 janvier 2009 Alès - Manifestation contre le massacre à Gaza aura lieu à Alès (30) rendez-vous à 10h30 devant le cratère d’Alès

Dunkerque - Rassemblement à 15H30 à l’angle de la place Jean Bart et de la rue de la marine

Lille - l’AFPS 59/62 et ses partenaires préparent une grande manifestation régionale le 10 janvier.

Limoges - Rassemblement ou manifestation samedi 10 janvier à 15 h 00, place de la Motte.

Lyon - Tous les samedi jusqu’à l’arrêt de l’agression israélienne sur Gaza. Rassemblement devant la Préfecture du Rhône appelé par le collectif d’association à 15h.

Nice - Manifestation samedi.

Paris - La prochaine grande journée de mobilisation nationale est annoncée par le Collectif National au samedi 10 janvier 2009, avec un rendez-vous fixé à Paris à 15h, Place de la République.

Perpignan - SAMEDI 10 01.2009 Départ Place de Catalogne, grande manifestation : remise de pétitions au préfet et notre engagement à deposer plainte auprès du TPI pour crime de guerre des sieurs Olmert LIVNI BARACK et consort.

Saint Brieuc - une manifestation de protestation contre la guerre et de soutien au peuple palestinien aura lieu à Saint-Brieuc le samedi 10 janvier. Rassemblement à 11 heures, place Saint Guillaume. Appel des cent, AFPS, LCR/NPA,PCF, FSU, CUAL, ACU22, Cimade, Mouvement de la Paix, PRCF22, ATTAC 22

Toulouse Manifestation à 11h00 au départ de la place du Capitole
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jeudi, janvier 08, 2009

Rappel : Les 9 règles de l'Info

Par Bernard Langlois :

Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l'esprit lorsqu'il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

Règle Numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les Premiers, et c'est toujours Israël qui se défend ; Cela s'appelle des représailles.

Règle Numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n'ont pas le droit de tuer des civils de l'autre camp. Cela s'appelle du terrorisme.

Règle Numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s'appelle de la légitime défense.

Règle Numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l'appellent à la retenue. Cela s'appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle Numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n'ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.

Règle Numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d'enlever autant de Palestiniens qu'ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n'y a aucune limite et ils n'ont besoin d'apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique 'terroriste'.

Règle Numéro 7 : Quand vous dites 'Hezbollah', il faut toujours rajouter l'expression soutenu par la Syrie et l’Iran’.

Règle Numéro 8 : Quand vous dites 'Israël', il ne faut surtout pas rajouter après : 'soutenu par les États-Unis, la France et l'Europe', car on pourrait croire qu'il s'agit d'un conflit déséquilibré.

Règle Numéro 9 : Ne jamais parler de 'Territoires occupés', ni de résolutions de l'ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l'auditeur de France Info.

Règle Numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C'est ce qui explique qu'on leur donne, ainsi qu'à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole.

Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s'appelle de la neutralité journalistique...

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Gaza : La vie et la mort de mon père

Par Fares Akram à Gaza
The Independent lundi 5 janvier 2009
article original : "Gaza: The death and life of my father"

Pour Fares Akram, le reporter de l’Independent à Gaza, l’invasion israélienne est devenue une tragédie personnelle lorsqu’il a découvert que son père avait été l'une des premières victimes de la guerre terrestre

Akrem al-Ghoul, photographié avec l’un de ses petits-enfants, a été tué dans sa ferme près de la ville de Beit Lahiya, au nord de Gaza (photo : Pavel Woldberg)

L’appel téléphonique est arrivé vers 16h20, samedi. Une bombe a été larguée sur la maison de notre petite exploitation agricole qui se trouve au nord de la Bande de Gaza. A ce moment-là, mon père marchait depuis la barrière de la ferme. C’était notre endroit chéri, cette ferme et sa maison blanche à deux niveaux, avec son toit rouge. Nichée dans une plaine fertile au nord-ouest de Beit Lahiya, elle avait des vergers de citronniers, d’orangers et d’abricotiers, et nous avions récemment acquis 60 vaches laitières.

C’était la ferme la plus proche de la frontière septentrionale avec Israël. L’ironie, c’est que nous avions toujours pensé que le plus grand danger, là-bas, ne venait pas des troupes israéliennes, qui entraient directement dans la Bande en passant à côté, si elles montaient une incursion, mais des roquettes perdues du Hamas destinées aux villes israéliennes situées à notre nord.

Mais très peu de temps avant le coucher de soleil, dimanche, alors que les fantassins et les chars israéliens envahissaient Gaza au prétexte de fermer les sites de tirs de roquettes du Hamas, la tranquillité de cet endroit a volé en éclat et la vie de mon père s’est éteinte à l’âge de 48 ans. Des avions et des hélicoptères de combat sont arrivés en grand nombre, bombardant et tirant pour ouvrir l’espace aux chars et aux forces terrestres qui suivaient dans l’obscurité. Ce fut l’une de ces attaques aériennes par les F-16 qui a tué mon père.

La maison a été réduite en miettes et il ne restait pas grand chose de papa. « Juste un tas de chair », a dit plus tard, avec une honnêteté brutale, mon oncle, qui l’a retrouvé dans les gravats.

Comme la plupart des Gazéens, ma mère, mes sœurs, ma femme – qui est enceinte de neuf mois – et moi-même avons passé la dernière semaine du massacre israélien, blottis dans notre appartement en ville. Mais mon père avait décidé de rester à la ferme ; il savait qu’il serait impossible d’y retourner pour s’occuper du bétail, si l’invasion prévue commençait. Mais il nous appelait tous les jours.

La dernière fois que je l’ai vu, c’était jeudi, lorsqu’il a amené de l’argent et un sac de farine. Nous avons discuté de la naissance imminente de mon premier enfant et comment nous conduirions ma femme, Alaa, à l’hôpital au milieu des bombardements et du chaos. Bien sûr, le samedi soir il n’y avait aucun espoir d’obtenir qu’une ambulance se rende à la ferme, parce que les routes avaient été coupées par les Israéliens. Mon oncle et mon frère ont donc fait les 8 km en voiture et le reste d’entre nous est resté dans l’appartement sombre, grelottant et en état de choc, sous des couvertures pour nous maintenir au chaud, avec le bruit incessant des tirs d’obus des chars autour de nous. Au fond de nous-même, nous savions tous que papa était mort. Il aurait été dans la maison ou à côté de celle-ci, et si un F-16 frappe directement votre maison vous savez ce que cela signifie.

Ils sont arrivés pour découvrir une pile fumante de gravats. La plupart des vaches gisaient inertes ; les autres qui n’étaient que blessées se s’étaient enfuies. Mahmoud, un jeune cousin, se trouvait avec mon père lorsque la bombe israélienne a fait sauter la maison. La force de la frappe aérienne l’a projeté à 300 mètres. Ils ont découvert le corps de Mahmoud dans le champ d’un voisin.

Nous avons enterré mon père et Mahmoud hier matin dans des funérailles rapides, sachant que les chars israéliens se trouvaient seulement à 3 km de là, à la périphérie de la ville. Nous pouvions entendre le crépitement des mitrailleuses qui accompagnait les chars. Les Israéliens diront peut-être qu’il y avait des activistes dans la zone près de notre ferme, mais je ne le croirais jamais. Le point le plus avancé pour les lanceurs de roquettes est à 6 km au sud. Plus haut, à la frontière, ce n’est que de la terre agricole en openfield avec nulle part où se cacher.

Mon père, Akren al-Ghoul, n’était pas un partisan de la lutte armée. Né à Gaza, il a fait ses études en Egypte et il était avocat et juge, travaillant pour l’Autorité Palestinienne. Après la prise de Gaza par le Hamas, il a démissionné et s’est tourné vers l’agriculture. Le père de papa, Fares, qui avait été chassé de sa maison en 1948, dans ce qui est maintenant la ville israélienne d’Ashkelon, avait acheté cette terre dans les années 60.

Durant la deuxième Intifada et jusqu’à ce que les Israéliens se retirent de Gaza en 2005, cette ferme avait été prise par des colons israéliens, mais, après 2005, nous y allions à chaque vacances. A Gaza, le seul moyen d’évasion est la plage ou, si vous êtes assez chanceux, la ferme. Mon père détestait ce que le Hamas faisait au système judiciaire de Gaza, introduisant la justice islamiste, et il était totalement opposé à la violence. Il aurait travaillé dur à un règlement juste avec Israël et à un meilleur futur pour les Palestiniens. Lorsque l’Autorité Palestinienne a pris le contrôle de la Cisjordanie, il s’est installé à Ramallah pour aider à y établir les tribunaux.

Mes griefs ne portent aucun désir de vengeance, que je sais être toujours vaine. Mais, en vérité, en tant que fils dans la peine, je trouve difficile de faire la distinction entre ce que les Israéliens appellent des terroristes et les pilotes et les équipages de chars israéliens qui envahissent Gaza. Quelle est la différence entre le pilote qui a réduit mon père en miettes et l’activiste qui tire des petites roquettes ? Je n’ai aucune réponse, mais juste au moment où je vais devenir père, j’ai perdu le mien.

Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques]

liens
http://questionscritiques.free.fr/edito/Independent/
Gaza_massacre_Akrem_al-Ghoul_050109.htm

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Du Plomb Fondu sur Gaza

Les criniminels de guerre d'Israël face à la presse

Par Uri Avnery
publié le 3 janvier 2009
article original sur Gush Shalom : "Melted Lead"

Juste après minuit, la chaîne arabe Al Jazeera diffusait un reportage sur les événements à Gaza. Soudain, la caméra s’est dirigée vers le ciel nocturne. L’écran était noir. On ne pouvait rien voir, mais on entendait un bruit : celui des avions, un effrayant, un terrifiant vrombissement.

Il était impossible de ne pas penser à ces dizaines de milliers d’enfants de Gaza qui entendaient ce bruit à ce moment-là, se recroquevillant avec effroi, paralysés par la peur, attendant que tombent les bombes.

« Israël doit se défendre contre les roquettes qui terrorisent nos villes du Sud », déclarait le porte-parole israélien. « Les Palestiniens doivent riposter à l’assassinat de leurs combattants à l’intérieur de la bande de Gaza », affirmait celui du Hamas.

En fait, le cessez-le-feu n’a pas été rompu, car il n’y avait pas de véritable cessez-le-feu. La principale exigence pour tout cessez-le-feu dans la bande de Gaza doit être l’ouverture des points de passages à la frontière. Il ne peut y avoir de vie dans la bande de Gaza sans le passage d’un flux d’approvisionnement. Mais ces passages n’ont pas été ouverts, à l’exception de quelques heures de temps en temps. Le blocus sur terre, sur mer et dans les airs contre un million et demi d’êtres humains est un acte de guerre, tout autant que tout largage de bombes ou tirs de roquettes. Il paralyse la vie dans la bande de Gaza, en détruisant la plupart des possibilités d’emploi, en jetant des centaines de milliers de personnes au bord de la famine, en provoquant l’arrêt du fonctionnement de la plupart des hôpitaux, en perturbant l’approvisionnement en électricité et en eau.

Ceux qui ont décidé de fermer les points de passage - sous quelque prétexte que ce soit - savaient qu’il n’y a pas de véritable cessez-le-feu dans ces conditions.

C’est là le point central. Ensuite, vinrent les petites provocations qui ont été conçues pour provoquer la réaction du Hamas. Après plusieurs mois durant lesquels pratiquement aucune roquette Qassam n’avait été tirée, une unité de l’armée a été envoyée dans la bande de Gaza « afin de détruire un tunnel arrivant près de la barrière frontalière ». D’un point de vue strictement militaire, il aurait été plus judicieux de monter une embuscade de notre côté de la frontière. Mais l’objectif était de trouver un prétexte pour mettre un terme au cessez-le-feu, de telle manière que l’on puisse en attribuer de façon plausible la responsabilité aux Palestiniens. Et en effet, après plusieurs de ces petites opérations dans lesquelles les combattants du Hamas ont été tués, le Hamas a riposté par un tir massif de roquettes. Et voilà - le cessez-le-feu était terminé. Tout le monde a blâmé le Hamas.

Quel était le but recherché ?

Tzipi Livni l’a annoncé ouvertement : liquider le pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza. Les roquettes Qassam ont seulement servi de prétexte.

Liquider le pouvoir du Hamas ? Cela ressemble à un chapitre de « La Marche Folle ». Après tout, ce n’est pas un secret que c’est le gouvernement israélien qui a mis en place le Hamas. Lorsque j’ai interrogé un jour Yaakov Peri, un ancien dirigeant du Shin Bet, à ce sujet, il m’a répondu énigmatiquement : « Nous ne l’avons pas créé, mais nous n’avons pas entravé sa création. »

Pendant des années, les autorités d’occupation ont favorisé ce mouvement islamique dans les territoires occupés. Toutes les autres activités politiques étaient vigoureusement réprimées, mais leurs activités dans les mosquées ont été autorisées. Le calcul était simple et naïf : à l’époque, l’OLP était considérée comme le principal ennemi, Yasser Arafat était le Diable. Le mouvement islamique prêchait contre l’OLP et Arafat, et a donc été considéré comme un allié.

Avec le déclenchement de la première Intifada en 1987, le mouvement islamique s’est officiellement rebaptisé Hamas (les initiales en arabe de « Mouvement de résistance islamique ») et a rejoint la lutte. Même à cette époque, le Shin-Bet n’a pris aucune mesure contre eux pendant près d’un an, tandis que les membres du Fatah étaient exécutés ou emprisonnés en grand nombre. Ce n’est qu’après une année que le cheikh Ahmed Yassine et ses collègues ont également été arrêtés.

Depuis lors, la roue a tourné. Le Hamas est devenu le nouveau Satan, et l’OLP est considérée par beaucoup en Israël comme étant presque une branche de l’organisation sioniste. La conclusion logique pour un gouvernement israélien recherchant la paix aurait été de faire de larges concessions à la direction du Fatah : fin de l’occupation, signature d’un traité de paix, fondement de l’État Palestinien, retrait aux frontières de 1967, une solution raisonnable au problème des réfugiés, et la libération de tous les prisonniers palestiniens. Cela aurait arrêté la montée du Hamas à coup sûr.

Mais la logique a peu d’influence sur la politique. Rien de ce genre ne s’est produit. Au contraire, après l’assassinat d’Arafat [sic], Ariel Sharon a déclaré que Mahmoud Abbas, qui l’avait remplacé, était une « volaille plumée ». On n’a pas autorisé Abbas à obtenir le moindre succès politique. Les négociations, sous les auspices américaines, sont devenu une plaisanterie. Le plus authentique chef du Fatah, Marwan Barghouti, a été envoyé en prison à perpétuité. Au lieu d’une libération massive de prisonniers, il n’y a eu que de petits « gestes » insultants.

Abbas a été systématiquement humilié, le Fatah ressemblait à une coquille vide et le Hamas a remporté la victoire lors des élections palestiniennes - les élections les plus démocratiques jamais organisées dans le monde arabe. Israël a boycotté le gouvernement élu. Dans la lutte intestine qui s’en est suivi, le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza.

Et maintenant, après tout cela, le gouvernement israélien a décidé de « liquider le pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza » - par le sang, le feu et les colonnes de fumée.

Le nom officiel de cette guerre est « plomb durci », deux mots provenant d’une comptine enfantine sur un jouet d’Hanoukkah.

Il serait plus exact de la nommer « la guerre des élections ».

Dans le passé, également, des actions militaires ont été lancées lors de campagnes électorales. Ménacem Begin a bombardé le réacteur nucléaire irakien [Osirak] durant la campagne de 1981. Lorsque Shimon Peres a affirmé qu’il s’agissait d’un gadget électoral, Begin a répliqué lors du meeting suivant : « Juifs, croyez-vous que je voudrais envoyer nos braves garçons à leur mort, ou pire, être fait prisonnier par des animaux, afin de gagner une élection ? » Begin a gagné.

Peres n’est pas Begin. Lorsqu’au cours de la campagne électorale de 1996 il a ordonné l’invasion du Liban (opération « Raisins de la colère »), tout le monde était convaincu qu’il l’avait fait afin de gagner des élections. La guerre a été un échec, Peres a perdu les élections et Benyamin Nétanyahou est arrivé au pouvoir.

Barak et Tzipi Livni recourent aujourd’hui à la même vieille ficelle. En 48 heures, selon les sondages, le résultat des votes pour Barak lui assurerait cinq sièges supplémentaires à la Knesset. Soit environ 80 morts Palestiniens pour chaque siège. Mais il est difficile de marcher sur un tas de cadavres. Ce succès pourrait s’évaporer en une minute si la guerre était considérée comme un échec par l’opinion publique israélienne. Par exemple, si les roquettes continuent de frapper Beersheba ou si l’attaque au sol provoque de lourdes pertes israéliennes.

Le calendrier a également été choisi méticuleusement sous un autre angle. L’attaque a commencé deux jours après Noël, lorsque les dirigeants américains et européens sont en vacances jusqu’au nouvel an. Avec pour calcul : même si quelqu’un voulait essayer de mettre fin à la guerre, nul ne peut renoncer à ses vacances. Cela garantissait de disposer de plusieurs jours à l’abri des pressions.

Une autre raison a présidé au choix du moment : ce sont les derniers jours de George Bush à la Maison Blanche. On pouvait s’attendre à ce que cet abruti sanguinaire soutienne la guerre avec enthousiasme : c'est ce qu’il a fait, bien sûr. Barack Obama n’est pas encore entré en fonction et a eu à sa disposition un prétexte tout fait lui permettant de garder le silence : « il n’y a qu’un seul président ». Ce silence n’est pas de bon augure pour le mandat du président Obama.

La préoccupation principale était de ne pas répéter les erreurs de la deuxième guerre du Liban. Cela a été répété sans cesse sur toutes les ondes et durant tous les talk-shows.

Cela ne change rien aux faits : la guerre de la bande de Gaza est une réplique presque identique de la deuxième guerre du Liban.

Le concept stratégique est le même : terroriser la population civile par des attaques aérienne sans relâche, semant mort et destruction. Il n'y a aucun danger pour les pilotes : les Palestiniens ne disposent d'aucune arme antiaérienne. Voici le calcul : si toute les infrastructures nécessaires à la vie quotidienne dans la Bande de Gaza sont totalement détruites et que l’anarchie généralisée s’y installe, la population se soulevera et renversera le régime du Hamas. Mahmoud Abbas reviendrait alors dans la Bande de Gaza dans les chars israéliens.

Au Liban, ce calcul n’a pas fonctionné. La population prise sous les bombardements, y compris les chrétiens, s’est ralliée derrière le Hezbollah, et Hassan Nasrallah est devenu le héros du monde arabe. Quelque chose de semblable va probablement se produire à nouveau cette fois-ci. Les généraux sont des experts en armement et en manoeuvre de troupes, mais pas en psychologie des masses.

Il y a quelque temps, j’ai écrit que le blocus de Gaza était une expérience scientifique visant à savoir jusqu’où on peut affamer une population et transformer sa vie en enfer avant qu’elle ne cède. Cette expérience a été menée avec l’aide généreuse de l’Europe et les États-Unis. Jusqu’à présent, elle n’a pas réussi. Le Hamas s’est renforcé et la portée des Qassams s’est accrue. La guerre d’aujourd’hui est une poursuite, par d’autres moyens, de cette expérience.

Il est possible que l’armée « n’ait pas d’autre choix » que de reconquérir la bande de Gaza, car il n’y a pas d’autre moyen d’arrêter les Qassams - sauf à parvenir à un accord avec le Hamas et qui est contraire à la politique du gouvernement. Lorsque l’invasion terrestre commencera, tout dépendra de la motivation et des capacités des combattants du Hamas vis-à-vis des soldats israéliens. Personne ne peut savoir ce qui va se passer.

Jour après jour, nuit après nuit, la chaîne en arabe Al Jazeera diffuse des images atroces : des piles de corps mutilés, des parents en larmes à la recherche de leurs proches parmi les dizaines de cadavres étendus sur le sol, une femme tirant sa petite fille de sous les décombres, des médecins sans médicaments tentant de sauver la vie des blessés. (Al Jazeera en langue anglaise, contrairement à son homologue en arabe, a effectué une étonnante volte-face, diffusant seulement des images aseptisées et reprenant la propagande du gouvernement israélien. Il serait intéressant de savoir ce qui s’est passé là-bas.)

Des millions de spectateurs voient ces terribles scènes, image après image, jour après jour. Ces images sont inscrites dans leurs esprits à jamais : Israël est horrible, Israël est abominable, Israël est inhumain. Toute une génération d’ennemis. C’est un prix terrible que nous seront obligés de payer, longtemps après que les autres résultats de cette guerre auront été oubliés en Israël.

Mais une autre image s’imprime également dans l’esprit de ces millions de spectateurs : celle des régimes arabes, passifs, misérables, corrompus.

Comme le voient les Arabes, un élément ressort au-dessus de tous les autres : le mur de la honte.

Pour le million et demi d’Arabes dans la bande de Gaza, qui souffrent terriblement, la seule ouverture sur le monde qui ne soit pas contrôlée par Israël est la frontière avec l’Égypte. C’est seulement par là que peuvent parvenir la nourriture vitale et les médicaments pour les blessés. Cette frontière reste fermée au pire moment de l’horreur. L’armée égyptienne a bloqué la seule issue permettant à l’alimentation et aux médicaments d’entrer, alors même que les chirurgiens doivent opérer les blessés sans anesthésie.

Les paroles de Hassan Nasrallah résonnent d’un bout à l’autre du monde arabe : Les dirigeants égyptiens sont les complices de ce crime ; ils collaborent avec l’« ennemi sioniste » en tentant de briser le peuple palestinien. On peut supposer qu’il ne désignait pas uniquement Moubarak, mais aussi tous les autres dirigeants, depuis le roi d’Arabie saoudite jusqu'au président palestinien. En voyant les manifestations dans le monde arabe et en écoutant les slogans, on a l’impression que pour de nombreux Arabes leurs dirigeants sont au mieux pathétiques et misérables, au pire des collabos.

Cela aura des conséquences historiques. Toute une génération de dirigeants arabes - cette génération imprégnée de l’idéologie du nationalisme arabe laïque -, les successeurs de Gamal Abd-al-Nasser, Hafez al-Assad et Yasser Arafat, pourrait être balayée de la scène. Dans le monde Arabe, la seule alternative viable est celle de l’idéologie fondamentaliste islamique.

Cette guerre l’écrit en lettres capitales : Israël a manqué une chance historique de faire la paix avec le nationalisme arabe laïque. Demain, Israël pourra se retrouver face à un monde arabe uniformément fondamentaliste, un Hamas à la puissance mille.

L’autre jour, mon chauffeur de taxi à Tel-Aviv réfléchissait à voix haute : Pourquoi ne pas mobiliser les fils des ministres et des membres de la Knesset, les rassembler en une unité de combat et les envoyer à la tête de la prochaine attaque terrestre sur la bande de Gaza ?

Traduction : RM/SW

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http://questionscritiques.free.fr/edito/Uri_Avnery/
massacres_Gaza_Plomb_Fondu_030109.htm

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Gaza, et ce que je lirai demain dans vos journaux

Ramallah, 27 décembre 2008

Et je lirai demain, dans vos journaux, que la trêve est finie à Gaza. Ce n'était donc pas un siège, mais une forme de paix ce camp de concentration fauché par la faim et la soif. Et de quoi dépend la différence entre la paix et la guerre? De la comptabilité des morts? Et les enfants rongés par la malnutrition, on les met sur quel compte?

Meurt-il de guerre ou de paix celui qui meurt parce que l'électricité manque dans le bloc opératoire? On dit paix quand il n'y a pas de missile – mais comment dit-on quand tout le reste manque?

Et je lirai dans vos journaux, demain, que tout cela n'est qu'une attaque préventive, que ce n'est qu'un droit légitime, inviolable d'autodéfense. La quatrième puissance militaire du monde, ses muscles nucléaires contre des missiles de tôle, du papier mâché et du désespoir. Et naturellement on va me préciser qu'il ne s'agit pas d'une attaque contre des civils – et d'ailleurs comment pourrait-elle l'être si trois hommes qui causent de la Palestine ici, au coin de la rue, sont pour les lois israéliennes un noyau de résistance et donc un groupe illégal, une force combattante? – si dans les documents officiels nous sommes marqués comme une entité ennemie et, sans plus le moindre frein éthique, le cancer d'Israël? Si le but est d'éradiquer le Hamas – tout cela renforce le Hamas. Vous arrivez à bord des avions de chasse pour exporter la rhétorique de la démocratie, à bord des avions de chasse vous revenez ensuite étrangler l'exercice de la démocratie – mais quelle autre option reste-t-il? Ne la laissez pas vous exploser dessus soudain. Ce n'est pas le fondamentalisme qu'on bombarde en ce moment mais tout ce qui s'y oppose. Tout ce qui ne restitue pas gratuitement à cette férocité indiscriminée une haine égale et contraire, mais une parole nue de dialogue, la lucidité de raisonner, le courage de déserter – ce n'est pas une attaque contre le terrorisme cela, mais contre l'autre Palestine, tierce et différente, tandis qu'elle esquive des missiles coincée entre la complicité du Fatah et la myopie du Hamas. Il était en train de m'assassiner par autodéfense, j'ai du l'assassiner par autodéfense – un jour les survivants le raconteront ainsi.

Et demain je lirai dans vos journaux que tout processus de paix est impossible, les Israéliens, hélas, n'ont personne avec qui parler. Et en effet – comment pourraient-ils l'avoir, retranchés derrière un Mur de béton de huit mètres? Et surtout – pourquoi devraient-il l'avoir, si la Road Map n'est que l'énième arme de distraction de masse pour l'opinion publique internationale? Quatre pages où l'on nous demande, par exemple, d'arrêter les attaques terroristes et où l'on dit qu'en échange Israël ne va entreprendre aucune action pouvant miner la confiance entre les deux parties comme – textuellement – les attaques contre les civils. Assassiner des civils ne mine pas la confiance, mais le droit, c'est un crime de guerre, ce n'est pas une question de courtoisie. Et si Annapolis est un processus de paix, tandis qu'en attendant, ici, la seule carte qui progresse sont les terres confisquées, les oliviers arrachés les maisons démolies, les colonies élargies – pourquoi alors la proposition saoudienne n'est-elle pas un processus de paix? La fin de l'occupation en échange de la reconnaissance de la part de tous les Etats arabes. Pouvons-nous avoir au moins un signe de réaction? Quelqu'un là, par hasard, écoute-t-il de l'autre côté du Mur?

Mais je suis là à vous raconter du vent. Parce que demain je ne lirai qu'une ligne dans vos journaux et seulement demain, ensuite je ne lirai, encore, que l'indifférence. Et ce n'est que cela que je sens, tandis que les F16 survolent ma solitude vers des centaines de dommages collatéraux dont je connais chaque nom, chaque vie – seulement un vertige d'abandon et d'égarement infinis. Européens, Américains et Arabes aussi – parce qu'est devenue la souveraineté égyptienne, au passage de Rafah, la morale égyptienne, au sceau de Rafah? – nous sommes simplement seuls. Vous défilez ici, une délégation après l'autre – et en parlant, aurait dit Garcia Lorca, les mots restent dans l'air, comme des bouchons dans l'eau. Vous offrez des aides humanitaires mais nous ne sommes pas des mendiants, nous voulons dignité, liberté, des frontières ouvertes, nous ne demandons pas de faveurs, nous revendiquons des droits. Et, au contraire, vous arrivez, indignés et désireux de participer et vous demandez ce que vous pouvez faire pour nous. Une école?, une clinique peut-être? des bourses? Et nous essayons à chaque fois de vous convaincre – non, pas la généreuse solidarité, enseignait Bobbio, seulement la sévère justice – des sanctions, des sanctions contre Israël. Mais vous répondez – neutres à chaque fois et donc partageant le déséquilibre, partisans des vainqueurs – non, cela serait antisémite. Mais qui est plus antisémite, ceux qui ont vicié Israël un pas après l'autre pendant soixante ans, jusqu'à le défigurer au point d'en faire le pays le plus dangereux au monde pour les Juifs ou ceux qui l'avertissent qu'un Mur marque un ghetto des deux côtés?

Est-il peut-être antisémite de relire Hannah Arendt aujourd'hui où c'est nous, les Palestiniens son écume de la terre, est-il antisémite de revenir illuminer ses pages sur le pouvoir et la violence, sur la dernière race soumise au colonialisme britannique, qui auraient été, in fine, les Anglais eux-mêmes? Non, ce n'est pas de l'antisémitisme, mais l'exact contraire, de soutenir les nombreux Israéliens essayant d'échapper à une nakbah appelée sionisme. Parce qu'il ne s'agit pas d'une attaque contre le terrorisme mais contre l'autre Israël, tiers et différent, tandis qu'il esquive la pensée unique coincé entre la complicité de la gauche et la myopie de la droite.

Je sais ce que je lirai, demain, dans vos journaux. Mais pas d'autodéfense, pas d'exigence de sécurité. Tout cela ne s'appelle qu'apartheid – et génocide. Parce que peu importe que les politiques israéliennes, techniquement, collent ou non au millimètre avec les définitions délicatement ciselées par le droit international, son formalisme aristocratique, sa prétendue objectivité ne sont que l'énième collatéralité, ici, qui seconde et multiplie la force des vainqueurs. L'essence de ces avions est votre neutralité, est votre silence, le son de ces explosions. Quelqu'un se sentit Berlinois, devant un autre Mur. Combien de morts encore, pour vous sentir des citoyens de Gaza?

Mustafa Barghouthi

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http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=
2009-01-02%2012:20:03&log=attentionm


Jusqu'à ce soir 07/01/2009 l'agression israélienne à Gaza a provoqué plus de 700 morts (dont la moitié sont des enfants et des femmes) et plus de 3000 blessés...

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vendredi, novembre 09, 2007

Terrorisme : la preuve bidon de la presse allemande

La presse allemande publie une note griffonnée en arabe et raturée qui a été retrouvée à côté de l’une des deux bombes trouvées en juillet dans un train allemand. Elle souligne que, selon la police, cette bombe était destinée à tuer des centaines de personnes. Il va sans dire que ce bout de papier suffit à conclure que le projet d’attentat était le fait « des musulmans ».

Cependant, les journalistes allemands sont autant aveuglés par leurs préjugés que leurs collègues occidentaux. Ils n’ont pas pensé utile de se faire traduire la dite note. Ils auraient découverts qu’il ne s’agit pas d’une revendication politique déposée intentionnellement, mais d’une liste de courses (olives, fromage blanc…) abandonnée par un voyageur après avoir biffé les produits achetés.

Sources :
http://www.voltairenet.org/article151496.html

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dimanche, mars 18, 2007

Speciale Pirates

Partie I



Au début, en 85, il y eut un livre: "TAZ" (Temporary Autonomous Zone = Zone Autonome Temporaire). C'était la première apparition d'Hakim Bey. Le premier à avoir cru en ce brûlot, c'est Jim Flemming, fondateur d'autonomedia, une maison d'édition indépendante de Brooklyn. Depuis sa première parution en 85, TAZ a été traduit dans une douzaine de langues et s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires. Sans compter la myriade d'éditions pirates distribuées sur le net, parce que tous les écrits d’Hakim Bey sont libres de droits. Soufisme, utopies pirates, anarchisme, terrorisme poétique: Bey le prolifique a publié des dizaines d’essais.

Hakim Bey vit à l'abri des medias. Et pour se protéger, il fixe ses propres règles à ceux qui veulent l'approcher. C'est par téléphone à la dernière minute qu'il nous fixe le lieu du rendez vous. L'interview se fera chez lui. New-yorkais d'origine, l'écrivain habite depuis 6 ans une petite ville bien tranquille à 200 kilomètres de Big Apple dont nous ne dévoilerons pas le nom. Suivant ses instructions, l'équipe pose sa caméra sur la table du salon et saisit parfois sa main au passage.

Le A31, ou 31 août 2004, des dizaines de groupes multiplient les actions éclairs et partent à l'abordage des symboles du pouvoir, comme Carlyle, fournisseurs de l'armement en Irak ou Fox News, la télé à la botte des Républicains. Autant de TAZ, de Temporary Autonomous Zone ou Zone Autonome Temporaire qui vont bloquer à leur manière chaque déplacement des délégués de la Convention Républicaine.

Partie II


Il y a trois siècles, dans les Caraïbes et l'Océan Indien, les pirates font de leurs bases de repli des mondes où cohabitent toutes les couleurs de peau, toutes les religions, et où est abolie la propriété privée. Ces utopies pirates n'ont laissé d'autres traces que ces tombes siglées du Jolly Roger, la tête de mort inscrite sur les drapeaux noirs. La plus fameuse de ces communautés est Libertalia, qui aurait tenu plusieurs dizaines d'années au large de Madagascar avant d'être écrasée par la marine anglaise. Mythe ou réalité, c'est elle qui inspire ici les studios Disney. Les pirates, décidément, ne sont pas des gens fréquentables!

Ces communautés inventées par les pirates, nous dit Hakim Bey, n'étaient pas faites pour durer. Un siècle avant la Révolution Française, elles se moquaient des frontières, mais se savaient condamnées. Les pirates étaient mobiles, et disparaissaient comme ils étaient venus. Un mode d'action appliqué au pied de la lettre par les forbans modernes, comme ceux de Burning Man qui se donnent quinze jours au milieu d'un lac salé en Arizona pour vivre au delà des limites en toute liberté. C'est aussi le modèle des free-parties et des raves dans le monde entier.

Et surtout, les zones autonomes temporaires investissent, comme il y a trois siècles les territoires pour lesquels il n'existe pas encore de carte, pas de gouvernement ni de police. Tous ces rêves devenus réalité ne sont pas uniquement festifs. A Taos au Nouveau-Mexique, les artisans du projet Earthship voient loin, jusqu'à la création de villes autosuffisantes, même sans permis de construire.

Le premier hacker c’est John Draper. Dans les années 70, bien avant le net, il a écumé les lignes téléphoniques américaines, sans jamais payer de facture. On appelait ça le phone-phreaking. Son Surnom, Captain Crunch est une référence à ce paquet de céréales qui contenait un petit sifflet en plastique. Sa fréquence, 2600 hertz, lui permettait de pirater le système. Avec la Blue Box du Captain Crunch on pouvait telephoner sans limite dans l’illegalité totale. Ses premiers admirateurs sont aussi ses premiers employeurs, les patrons d'Apple. Ses héritiers reprennent le flambeau. 2600 est le titre d'un fanzine culte qui croit aux promesses de l'informatique naissante. Parmi ces pionniers les Masters of Deception, une bande menée par Phiber Optic. En 1992 il tombe pour phone phreaking. Le plus notoire des pirates informatiques est Kevin Mitnick. Fugitif, ciblé par le FBI, il laisse sa carte de visite partout. Le jour de noël 95, il pénètre l’ordinateur personnel du cybercop qui le traque, Shimomura. Mitnick écope de cinq ans de prison. Aujourd'hui, les banques s'arrachent ses services.

Malgré la répression, les pirates poursuivent leurs activités. La Defcon, à Las Vegas, est la plus grand convention de casseurs de codes au monde. Sur les 6000 hackers qui y participent, 20% sont des policiers. Petit à petit, l'Etat quadrille et verrouille le net. La fin de la liberté pour le Web? Des derniers îlots résistent. On les appelle les Warez zones. Sur ces plates-formes illégales, on peut télécharger et cracker des centaines de logiciels. Lorsque les cyber-flics repèrent l'adresse du site émetteur, un programme le fait basculer immédiatement sur une nouvelle adresse à l'autre bout du monde.

Partie III

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samedi, mars 17, 2007

Islam denonce terrorisme


Ce film présente la réponse des musulmans au terrorisme et leur dénonciation de ce méfait. Commençant par l'événement de 11 septembre, ce film explique que tout acte de violence contre les civils est un crime contre l'humanité et un péché en termes religieux. Il souligne également que le terrorisme est une caractéristique inhérente aux idéologies séculières telles que le communisme, le fascisme et le racisme. Au contraire les trois religions divines – l'Islam, le Christianisme et le Judaïsme – sont opposées au terrorisme et leur objectif ultime est d'apporter la paix et la fraternité à l'humanité.

Cette video est issue du site http://www.harunyahya.com

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vendredi, février 16, 2007

Accuser l'Iran de "génocide" avant de l'atomiser

© 2007 Schrank - The Independent

Par Gary Leupp
CounterPunch, 8 février 2007

article original : "Charging Iran with "Genocide" Before Nuking It"

Le mois dernier, dans une analyse très intéressante, l'ancien chef d'état-major de l'Armée Russe, le Général Léonide Ivashov, a prédit une attaque nucléaire des Etats-Unis contre l'Iran d'ici avril prochain. "Dans quelques semaines", a-t-il écrit, "nous allons voir une machine de guerre informationnelle se mettre en marche. L'opinion publique est déjà sous pression. Il y aura une hystérie militariste anti-iranienne croissante, des nouvelles fuites d'information, de désinformation, etc." J'ai bien peur que cela sonne juste.

Ensuite, il y a le Général Oded Tira, l'artilleur en chef des Forces de Défense d'Israël qui a déclaré le mois dernier qu'une "frappe américaine sur l'Iran est essentielle" pour l'existence même de l'Etat Juif. Suggérant que "le Président Bush n'a pas assez de pouvoir politique pour attaquer l'Iran", il a lancé un appel urgent au Parti Démocrate renaissant de travailler en direction de cet objectif israélien. "Etant donné qu'une frappe américaine sur l'Iran est essentielle pour notre existence", a-t-il déclaré, "nous devons l'aider à paver le chemin en faisant du lobbying auprès du Parti Démocrate (qui se conduit de façon stupide) et des rédacteurs en chef des journaux américains. Nous devons faire cela afin de transformer la question iranienne en sujet bipartisan et sans la relier à l'échec en Irak".

Tira a exhorté de façon explicite le lobby d'Israël aux Etats-Unis à "se tourner vers Hillary Clinton et les autres candidats démocrates potentiels à l'élection présidentielle américaine, afin qu'ils soutiennent une action immédiate de Bush contre l'Iran". Le lobby semble faire un très bon travail là-dessus, en dépit des critiques de Tira sur la stupidité des Démocrates. Tous les favoris démocrates à la présidentielle ont assuré à l'AIPAC [1] ou aux auditoires israéliens qu'il sont au moins aussi bellicistes vis-à-vis de l'Iran que l'impopulaire Bush. En attendant, l'accusation israélienne, selon laquelle l'Iran lui pose une menace "existentielle", portée l'année dernière par Ehoud Olmert devant le Congrès américain, s'est insinué dans le discours américain officiel.

Se référant d'une manière générale à la "guerre contre la terreur", définie de façon vague, Cheney a récemment déclaré à Fox News : "C'est un conflit existentiel. C'est la sorte de conflit qui va conduire notre politique pour les 20, 30 ou 40 prochaines années". Sa fille Elizabeth (Secrétaire d'Etat adjointe en charge des Affaires au Proche-Orient et liaison du vice-président avec le nouveau et sinistre "Bureau des Affaires Iraniennes") a écrit dans un édito du Washington Post, le mois dernier, "L'Amérique est confrontée à une menace existentielle. A un moment, quelque part, nous devrons combattre ces terroristes jusqu'à la mort. Nous ne pouvons pas négocier avec eux ou 'résoudre' leur Djihad". L'administration, toujours dirigée par les néocons rassemblés autour de Cheney, a embrassé la rhétorique israélienne consistant à faire des prophéties paranoïaques. Ils ont décidé d'attaquer la République Islamique, pour mettre fin à son existence, pour l'autodéfense d'Israël et de l'Amérique. Pour obtenir le soutien, ils doivent semer la peur et diaboliser l'Iran, en faisant monter la rhétorique semaine après semaine.

La "machine de guerre informationnelle" à laquelle Ivashov fait allusion a déversé la désinformation plus vite que ne peut le digérer le public. Il n'y a aucun doute que les rumeurs, même lorsqu'elles sont plus tard réfutées, peuvent utilement nuire aux réputations et préparer des cibles pour des attaques. Les néoconservateurs Straussiens [2], qui ont fait campagne sans relâche pour imposer leurs Nobles Mensonges au peuple américain sur l'Irak jusqu'à l'attaque de ce pays en mars 2003, se fichent probablement pas mal si les mensonges qu'ils racontent aujourd'hui sur l'Iran sont exposés ci-dessous. Ce qu'ils veulent est un changement de régime, bientôt, et, par conséquent, un casus belli convaincant — ou deux.

Pendant la montée en guerre contre l'Irak, l'accusation principale contre Bagdad (reçue avec scepticisme aux Nations-Unies) était que ce pays possédait des armes de destruction massive menaçant le monde entier, y compris New York City. Le Président Bush, Condoleeza Rice et d'autres responsables de l'administration ont mis en garde que ces ADM pourraient résulter en un nuage atomique au-dessus de New York. Bush et Cheney ont fait savoir à certaines audiences que l'Irak posait une menace particulière à Israël, mais, en général, cette question a été minimisée, probablement parce que l'administration voulait éviter d'être accusée de partir en guerre "pour Israël" par opposition à l'Amérique ou à la "communauté internationale" mythique mais impressionnante.

Cette fois-ci, c'est différent. Bien qu'Israël ait attaqué et détruit en 1981 le réacteur nucléaire irakien construit par les Français, Osirak, (dans une action illégale, puis condamnée par l'administration Reagan et apparemment par tous les gouvernements, mais dans laquelle Cheney et ses néocons y trouvent aujourd'hui une inspiration), et bien que le gouvernement israélien ait accueilli avec enthousiasme l'invasion de l'Irak, il n'a pas fait ouvertement campagne pour la guerre. Mais à présent, il bat fiévreusement tambour pour une guerre américaine contre l'Iran. Et comme Cheney l'a fait ostensiblement remarquer, si les Etats-Unis n'attaquent pas l'Iran, "Israël pourrait le faire sans qu'on lui demande". Il est plus que probable, si cela se produit, que ce sera une collaboration.

Remarquez comment l'accusation contre l'Iran, articulée en Israël, forme le plus gros du dossier de l'administration Bush. Ça se présente à peu près ainsi : L'Iran est un Etat théocratique islamiste radical qui soutient les terroristes, y compris le Hezbollah chiite libanais (qui suit les enseignements de l'Ayatollah Khomeyni) et diverses organisations palestiniennes ; Ce pays est vaste, puissant et hostile à Israël, la seule démocratie au Proche-Orient ; Le régime iranien est antisémite : le Président Ahmadinejad nie l'Holocauste et appelle à ce qu'Israël soit "rayé de la carte" ; L'Iran cache l'existence d'un programme illégal d'armes nucléaires, un programme qui menace l'existence de l'Etat Hébreu ; Par conséquent, il est coupable de "planifier de commettre un génocide" — exactement comme cette incarnation du mal reconnue universellement, l'Allemagne Nazie.

A cette accusation alarmiste, l'usine étasunienne à propagande ajoute des accusations selon lesquelles l'Iran abrite des membres d'al-Qaïda, fournit des composants pour dispositifs explosifs improvisés (DEI) aux "insurgés" en Irak, qui les utilisent pour tuer des Américains, et "se mêle" en général des affaires de l'Irak. (On devrait se demander comment ceux qui occupent un pays, contre la volonté de son peuple, à 10.000 km des côtes américaines, peuvent parler d'un pays voisin qui partage 1.000 km de frontières avec l'Irak, qui partage la même foi religieuse chiite et a connu 3.000 ans d'interaction incessante, peuvent sérieusement se plaindre d'une ingérence iranienne. En particulier lorsqu'ils chérissent leur propre droit d'ingérence dans les affaires de l'Amérique Latine, chaque fois que ça leur plaît). Mais ces accusations futiles ne sont pas en tête de liste. La question principale, comme dans l'affaire irakienne, est celle des ADM et, en particulier, la perspective prochaine d'une attaque nucléaire iranienne sur Israël produisant un second Holocauste.

Du point de vue des néocons (qui ont souvent la double nationalité israélo-américaine), que peut-on faire pour terroriser à nouveau les Américains, comme avec la vision d'un nuage atomique au-dessus de New York ? Quelle image possède la même puissance terrifiante que cette dernière ? Mais, le génocide, bien sûr ! L'extermination consciente et diabolique de tout un peuple - dans ce cas, un peuple considéré par de nombreux Chrétiens évangéliques américains comme étant le Peuple Elu de Dieu, dont la restauration d'un Etat au 20ème siècle augure vraiment la Deuxième Venue du Christ tant désirée. Ce problème de génocide ressemble au problème idéal pour embarquer les Américains dans une attaque massive, probablement nucléaire, contre l'Iran.

En décembre, à la suite de quantités de discussions en Israël sur cette question, l'Ambassadeur sortant des Etats-Unis auprès de l'ONU, John Bolton [3], a appelé la Cour Pénale Internationale de l'ONU à inculper Ahmadinejad pour "incitation au génocide". "Il est temps d'agir", a déclaré Bolton lors d'un symposium de la Conférence des Présidents des Organisations Juives Américaines Majeures. "Nous avons reçu des signes avant-coureurs, sans ambiguïté, sur ce que sont ses intentions". Il n'y avait apparemment aucun doute dans l'esprit de Bolton que l'Iran veut tuer tous les Israéliens. (Pour la petite histoire, Bolton a affirmé avec assurance, dans le passé, que les programmes de recherche pharmaceutiques largement admirés par Cuba sont en fait un paravent pour le développement d'armes biologiques. Le Département d'Etat lui-même, embarrassé et reconnaissant qu'il n'y avait aucune preuve pour cette accusation, a dû le faire taire.)

En décembre dernier aussi, l'ancien Premier ministre israélien et dirigeant du Likoud, Benjamin Netanyahou, a convoqué sept diplomates étrangers en Israël à un meeting pour les presser de se joindre à Israël dans des efforts pour mettre fin au programme nucléaire de l'Iran. Selon un reportage paru dans le quotidien israélien Haaretz, cette rencontre était "le premier événement dans une campagne internationale de relations publiques. Elle comprendra une proposition pour porter plainte contre le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad, devant la Cour Pénale Internationale, pour crimes de guerre. Et ses plans pour commettre un génocide y seront présentés".

"Nous devons crier Gevalt, a déclaré Netanyahou. (Gevalt : un mot Yiddish pour exprimer le choc et la consternation.) "En 1938, Hitler n'a pas dit qu'il voulait détruire [les Juifs] ; Ahmadinejad dit clairement que c'est son intention et nous n'élevons même pas la voix. Appelez cela au moins un crime contre l'humanité ! Nous devons faire en sorte que le monde voit que la question ici est un programme pour un génocide".

Mais Netanyahou (à l'instar du Général Tira) est probablement plus concerné par l'opinion publique américaine que par celle du "monde". Il sait que l'Américain moyen qui entend l'accusation officielle israélienne, mal équipé pour mettre en doute ses affirmations diffamatoires, pourrait être vraiment enclin à l'épouser. L'ignorance et la peur sont ici d'excellents alliés et devraient être contrés par quelque présentation rationnelle de faits historiques, le grand ennemi des propagandistes néocons.

La plupart des Américains ne soupçonnent pas, par exemple, que le Hezbollah (qu'Israël a essayé en vain de détruire l'été dernier) est un parti politique populaire au Liban, où il représente la population chiite, et qui est respecté pour les services sociaux efficaces qu'il fournit. Il a émergé comme un mouvement de résistance parmi les Chiites du sud, après l'invasion israélienne de 1982. (Initialement, de nombreux Chiites avaient vraiment accueilli favorablement les Israéliens, puisqu'ils visaient l'OLP à un moment de conflit considérable entre les réfugiés palestiniens et les Libanais. Mais les troupes d'occupation étaient profondément haïes et la résistance s'est organisée.)

La plupart des Américains ne savent pas que lors des dernières élections législatives le Hezbollah et ses alliés ont remporté 27% des sièges totaux. Il avait des ministres au gouvernement libanais avant de les retirer récemment en protestation à la politique du Premier ministre soutenue par les Etats-Unis. Il possède des stations de radio et de télévision. Le Hezbollah est largement crédité d'avoir obligé les Israéliens à se retirer du Liban en 2000 et peut attirer des centaines de milliers, voire un million, de manifestants dans un pays qui compte 3,8 millions d'habitants. Il a élaboré une alliance avec le Général Michel Aoun, un chef militaire chrétien qui a combattu à une époque contre les forces syriennes et qui dirige désormais un parti politique majoritairement chrétien. Netanyahou sait que peu d'Américains pensent à ces choses lorsqu'ils l'entendent décrire le Hezbollah comme étant une "organisation terroriste".

La plupart des Américains ne savent pas grand chose au sujet des organisations palestiniennes que l'Iran soutient en leur fournissant des bureaux, de l'argent ou des armes. Ils ont probablement entendu parler du Hamas, mais ils n'ont aucune idée s'il est basé sur le Chiisme (et ainsi, lié religieusement à l'Iran) ou sur le Sunnisme et moins influencé idéologiquement par l'Iran. (Le Hamas est sunnite). Ils ne réalisent peut-être pas que le Hamas a grandi en opposition à l'OLP [l'Organisation de Libération de la Palestine] (auparavant cataloguée comme une organisation "terroriste" par les Etats-Unis, mais reconnue plus tard par Israël — et financée par les Etats-Unis et d'autres pays — sous la forme de "l'Autorité Palestinienne") et qu'il est largement considéré comme étant plus honnête, plus capable et plus pieux que les politiciens de l'OLP, largement associés à la corruption, à l'inefficacité et à la laïcité. Il est possible qu'ils ne réalisent pas que le Hamas a gagné haut la main les dernières élections palestiniennes, qui ont été honnêtes et ont plutôt bien reflété les sentiments du peuple palestinien [4]. Ils ne sentent peut-être pas la contradiction entre le discours du Président Bush à propos de la "démocratie au Moyen-Orient" et le refus de son gouvernement d'accepter un gouvernement démocratiquement élu en Palestine. Ils ne savent peut-être pas que le Hamas a appelé à un cessez-le-feu avec Israël et l'a maintenu pendant 16 mois jusqu'en juin 2006 (lorsque les obus de l'artillerie israélienne tuèrent sept Palestiniens, dont trois enfants, qui pique-niquaient en famille sur une plage bondée de Gaza) [5]. Et ils ne savent assurément pas grand chose sur les histoires des autres organisations palestiniennes soutenues par l'Iran. Cela fait d'eux, en général, des cibles faciles pour les campagnes de désinformation anti-musulmane.

La plupart des Américains s'abritent derrière les reportages d'information sur la vie palestinienne sous l'occupation israélienne ou dans le vaste camp de prisonnier qu'est Gaza. Ils sont conditionnés à percevoir l'hostilité arabe et musulmane vis-à-vis d'Israël comme étant le reflet de l'antisémitisme et de l'animosité et de l'intolérance religieuses, plutôt que comme une réaction compréhensible à l'expérience historique de déplacement des populations palestiniennes et des abus qu'elles ont subi [6], aux attaques répétées contre le Liban, à la construction continuelle de colonies juives en Cisjordanie occupée, à l'annexion du Plateau du Golan, etc. Ils sont enclins à croire qu'Israël, en tant que "démocratie", est l'allié naturel de l'Amérique au Moyen-Orient, tandis que beaucoup de Chrétiens américains sont convaincus que son existence même est en accomplissement de la prophétie biblique. Netanyahou comprend tout cela, se délectant de l'adulation évangélique en s'étonnant peut-être de leur crédulité.

Les médias américains ont repris jusqu'à plus soif le reportage selon lequel Ahmadinejad a appelé à ce qu'Israël soit rayé de la carte. Cette acceptation terre à terre de la validité de cette citation a été une aide précieuse colossale pour les bellicistes diffamatoires. La déclaration en persan, qui a désormais été analysée et traduite par plusieurs experts occidentaux, ne fait en réalité aucunement référence à une quelconque carte. Ce qu'a dit Ahmadinejad, citant l'Ayatollah Khomeyni (qui est mort en 1989) était que "l'occupation de Jérusalem" sera "effacée de la page de l'histoire".[7] Cette déclaration un peu vague a été faite en langage poétique mais ne se réfère à aucune carte, sans parler d'un génocide. Pourtant Bolton et Netanyahou veulent que nous [les Américains] la lisions comme une intention claire d'Ahmadinejad voulant détruire tous les Juifs ! Ahmadinejad a utilisé cette citation dans un discours qui faisait remarquer que l'invasion soviétique de l'Afghanistan, l'Union Soviétique elle-même, et le régime de Saddam Hussein se sont terminés dans le temps, tandis qu'il maintenait que l'occupation israélienne de l'un des lieux les plus sacrés de l'Islam se terminerait aussi.

Il est vrai que le président iranien a fait des déclarations provocantes mettant en cause la réalité de l'Holocauste.[8] Mais ses pouvoirs politiques sont limités, il ne contrôle pas la politique étrangère et il est confronté à une critique substantielle de la part des autres membres de l'élite iranienne au pouvoir. Mohammed Khatami, le prédécesseur d'Ahmadinejad à la présidence de 1997 à 2005, et qui est toujours un acteur d'influence dans la structure du pouvoir en Iran, a pris ostensiblement ses distances des commentaires d'Ahmadinejad, déclarant à un auditoire arabe que l'Holocauste était "un fait historique". Mais il est aussi un partisan respecté du "dialogue entre les civilisations" qui, lorsqu'il était au pouvoir, cherchait à entretenir de meilleures relations avec les Etats-Unis, seulement pour se faire rembarrer. De toute façon, les Américains n'entendent pas beaucoup de différence entre les dirigeants iraniens : nous sommes encouragés à les voir tous comme menaçants et vils. En février 2003, lorsque l'assistant de Colin Powell, Richard Armitage, a dit de façon très détachée que l'Iran était une "démocratie", les néocons de Cheney lui sont tombés dessus.

Les Américains ne sont pas supposés savoir que l'Iran a des élections âprement disputées, même si tous les candidats à la présidence doivent être approuvés par le Conseil des Gardiens, composé de six juristes élus par le Majlis (le Parlement) et six ecclésiastiques choisis par le Dirigeant Suprême, qui est lui-même élu par un corps parlementaire de 86 personnes. (Fondamentalement, le processus démocratique est entravé par une surveillance religieuse répressive. Mais cela se produit aussi ailleurs. Remarquez que la "démocratie" israélienne est fondée sur l'idée que tout Juif, arrivant de n'importe où en Israël, obtient la citoyenneté [israélienne] et le droit de vote. Les Arabes israéliens ont aussi le droit de vote, mais ils n'existent pas dans la communauté palestinienne exilée, forte de quatre millions de personnes, à laquelle le droit au retour est refusé).

Mais, retournons à la grande question : le programme putatif d'armes nucléaires qui pourrait un jour détruire Israël ! La presse étasunienne se réfère systématiquement au "programme d'armes nucléaires iranien" comme s'il était évident que l'Iran en avaitun. Pendant ce temps, la plupart des Américains ne sait pas que le dirigeant suprême iranien, l'Ayatollah Khamenei, a vraiment émis une fatwa en 2005 contre la production, le stockage ou l'utilisation des armes nucléaires. Si beaucoup savent que l'Iran enrichit l'uranium, ils ne savent probablement pas que tous les pays ont le droit d'enrichir l'uranium et que les pays dépourvus d'un programme nucléaire (à l'instar du Japon, de l'Allemagne, des Pays-Bas et du Brésil) l'ont enrichi sans que les Etats-Unis ne protestent. En fait, les signataires du Traité de Non-Prolifération ont la garantie de pouvoir le faire, à partir du moment où ils renoncent au développement d'armes nucléaires et qu'ils se soumettent aux inspections de l'AIEA — comme l'Iran l'a fait. (C'est vrai, l'Iran s'est plié à des inspections onusiennes intrusives sans précédent). En attendant, des pays qui n'ont pas signé le traité (comme l'Inde, le Pakistan et Israël, non-signataires et qui possèdent des armes nucléaires) ne sont pas liés du tout à ses conditions ! Les Américains pourraient demander : Pourquoi ces pays bénéficient-ils de relations aussi étroites avec les Etats-Unis en dépit de leur mépris pour le régime de la non-prolifération que les Etats-Unis exigent que l'Iran respecte ? (La Corée du Nord était signataire mais s'est retirée du Traité en 2003 devant l'hostilité incessante des Etats-Unis et ont testé une arme nucléaire en 2006).

La plupart des Américains ne savent probablement pas que Mohamed El-Baradei, Prix Nobel de la Paix et chef de l'Agence Internationale à l'Energie Atomique — un homme qui comprend la science — ne cesse de dire qu'il n'y a aucune preuve que le programme d'enrichissement de l'Iran soit lié à un programme militaire. C'est vrai qu'après une rencontre avec Condoleeza Rice en mars 2006 (dans laquelle elle a accepté de lever les efforts étasuniens de le renvoyer de la tête de l'AIEA), il a déclaré que l'AIEA "n'était pas à ce stade en position de conclure qu'il n'y a aucuns matériaux ou activités nucléaires non-déclarés en Iran". L'administration Bush a utilisé cette déclaration alambiquée à la double négation, ainsi que la déclaration de septembre 2005 de l'AIEA sur l'Iran, pour justifier ses préparatifs de guerre.

Selon leur déclaration, "les nombreuses violations" de l'Iran et "ses nombreux manquements à se conformer au Protocole Additionnel du TNP [volontairement signé par l'Iran en 2003] constitue une non conformité" avec le Traité de Non-Prolifération, tandis que "le passé de dissimulation des activités nucléaires de l'Iran" et "l'absence de confiance qui en résulte, que le programme nucléaire de l'Iran est exclusivement destiné à des objectifs pacifiques, ont soulevé des questions qui relèvent de la compétence du Conseil de Sécurité". La plupart des Américains ne réalisent pas que cette déclaration a été rejetée par 13 des 35 pays habilités à se prononcer (dont la Russie, la Chine, le Pakistan, le Brésil, le Mexique, le Nigeria, le Venezuela et l'Afrique du Sud) mais soutenue par les représentants des pays de l'OTAN, qui ont voté en bloc. (Ceci a été utilisé pour produire la Résolution 1737 du CSONU qui, ayant affirmé le droit des signataires du TNP "de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire pour des objectifs pacifiques sans discrimination", a "décidé" de façon contradictoire que "l'Iran doit suspendre sans plus attendre toutes ses activités liées à l'enrichissement [d'uranium] et au retraitement").

Trompés par des politiciens (dont Hillary Clinton, l'héroïne de l'AIPAC) et mal servis par les grands médias d'information, de nombreux Américains pourraient simplement avaler l'accusation selon laquelle l'Iran est en train de planifier un génocide, en alliance avec le Hezbollah et le Hamas. Certains pourraient croire qu'un Iran nucléaire menacerait d'une manière ou d'une autre la patrie [américaine], peut-être en partageant les armes nucléaires avec des groupes terroristes. Plus nombreux sont ceux qui pourraient croire que l'Iran développe au minimum des armes nucléaires, suivant le raisonnement de Dick Cheney selon lequel l'Iran, avec tout son pétrole, ne peut que poursuivre un programme nucléaire avec des armes en tête. (Il se pourrait qu'ils ne sachent pas que dans les années 70, les administrations et les grandes entreprises américaines, comme General Electric, encourageaient l'Iran à développer un programme nucléaire pacifique ! Mais c'est lorsque l'Iran était dirigé par le Shah, un client des Etats-Unis, renversé en 1979 dans le soulèvement véritablement révolutionnaire qui s'est le plus basé sur les masses, dans l'histoire moderne des pays islamiques).

Mais il n'y a, en fait, aucune raison de supposer que l'Iran prévoie d'attaquer quelque pays que ce soit. Pour la petite histoire, il ne l'a pas fait à l'époque moderne, bien qu'il ait été lui-même attaqué, de 1980 à 1988, par l'Irak (soutenu par les Etats-Unis). La fois où l'Iran a été le plus proche d'envahir un pays voisin s'est produit en 1998, lorsque à la suite de la tuerie de sept diplomates iraniens en Afghanistan, Téhéran a mobilisé contre le régime Taliban. (En 2001 il a coopéré avec Washington pour renverser ce régime et pour le remplacer par un pouvoir enraciné dans les forces de l'Alliance du Nord).

En août 2006, Ahmadinejad a déclaré que l'Iran n'était une menace pour aucun pays, "pas même pour le régime sioniste". Récemment, le Président français Jacques Chirac a reconnu, dans un moment d'inattention honnête, que même si l'Iran possédait quelques armes nucléaires il ne serait toujours "pas bien dangereux". Il est ridicule de décrire le régime iranien comme une menace aux Etats-Unis, qui a la moitié du budget militaire total de la planète, des troupes basées dans 120 pays et des bases en Afghanistan et en Irak qui entourent (et menacent) l'Iran. En tant qu'ancien chef d'état-major du Secrétaire d'Etat Colin Powell, Lawrence Wilkerson a révélé que le Département d'Etat a reçu une proposition iranienne, mi-2003, de mettre fin à leur soutien aux groupes militants palestiniens, de coopérer avec les Etats-Unis pour stabiliser l'Irak et régler la dispute israélo-arabe et de rendre son programme nucléaire plus transparent. En échange, l'Iran a demandé que les Etats-Unis cessent de soutenir le groupe iranien Moudjahidin Kalk, basé en Irak, la suppression des sanctions économiques et la fin des hostilités américaines. Favorablement accueillie par Powell, cette ouverture a été rejetée de façon méprisante par le bureau de Cheney — un grand nombre d'ouvertures de la part de l'Irak et de la Syrie ont été auparavant sommairement rejetées par officiels qui déclaraient : "Nous ne négocions pas avec le Mal, nous le vainquons".

N'est-il pas évident qu'une attaque de l'Iran, quelle qu'elle soit, contre Israël ou les Etats-Unis résulterait en des conséquences inacceptables pour la République Islamique ? N'est-il pas évident que l'accusation de génocide portée par Netanyahou, qui aime dramatiser, fait partie d'une campagne générale de propagande dont l'intention est de paver la route à une attaque non provoquée contre une nation souveraine ? En Israël même, censé être marqué par l'anéantissement, la menace putative iranienne est amplifiée par certains, minimisée par d'autres. Ephraïm Halevy, l'ancien chef du Mossad, la redoutable agence d'espionnage, a récemment réfuté la notion selon laquelle l'Iran pose "une menace existentielle à Israël".

"Aujourd'hui, Israël est indestructible", a-t-il déclaré. "Il n'est pas si simple de penser que vous avez un dispositif entre les mains et que vous pourrez le lancer sur un site particulier et rayer une nation de la carte. Israël a eu connaissance de cette menace [de la part de l'Iran] pendant plus de 15 ans et a observé cette menace grandir. Vous devez supposer qu'Israël n'est pas resté sans rien faire... ou [à attendre] que quelqu'un d'autre fasse le boulot". L'Iran peut-il détruire Israël ? "Je ne pense pas que cela soit faisable en des conditions purement opérationnelles".

Alors, appréciez ce que Haaretz a appelé la "campagne internationale de relations publiques", la "machine de guerre informationnelle" qui commence à chauffer. Attendez-vous à ce que l'on vous dise de plus en plus dans les semaines à venir que l'Iran n'est pas seulement en train de tuer des soldats américains en Irak, mais qu'il menace notreexistence même. Imaginez les "Nobles Mensonges" les plus énormes hurlant sur vos écrans de télé pendant des semaines. Les dirigeants fanatiques de l'Iran, nous dira-t-on, veulent un califat s'étendant de l'Espagne à l'Indonésie. Ils veulent voir des champignons atomiques au-dessus de New York. Ils veulent un génocide — c'est la vérité, ils sont déjà en train de planifier le génocide. Et ainsi (comme Bush et Hillary le déclarent tous deux) "rien n'est écarté" lorsqu'il s'agit de "s'occuper" de la République Islamique. Gevalt ! s'écrie Netanyahou. "Gevalt!" devrait-on répondre aux va-t-en guerre et demander : Comment ces artistes éhontés de la désinformation ont-ils pu tromper autant de gens avec cette "menace" iranienne ?

Comment une administration discréditée nous a-t-elle amené si près d'un autre crime contre la paix, tel que défini par les Principes de Nuremberg et la Charte des Nations-Unies ?

Comment le lobby pour attaquer l'Iran a-t-il acquis un tel poids politique dans ce pays ?

Comment des manipulateurs politiques astucieux ont-ils même été capables, dans un forum respectable, de lié l'opposition au massacre d'Iraniens à l'antisémitisme ?

Comment les attaques du 11/9 de triste mémoire ont-elles propulsé ce pays dans une telle ère de folie ?

Comment les Démocrates, qui ont remporté une victoire écrasante dans une vague de révulsion anti-guerre, peuvent-ils ne pas prendre position ou assister activement les plans de l'administration d'utiliser ses propres armes nucléaires (bien réelles) contre l'Iran ?

Gevalt, vraiment !

Ivashov doute que "les protestations du monde puissent stopper les Etats-Unis" et suggère que "les revenus du complexe militaro-industriel [des Etats-Unis] est ce qui "importe aux Américains". Je ne peux qu'espérer que l'on prouvera qu'il a tort, en nous mobilisant pour mettre fin à la guerre en Irak, pour faire partir les criminels de guerre qui sont au pouvoir et pour stopper les attaques contre l'Iran et la Syrie avant qu'elles ne commencent.

Gary Leupp est professeur d'histoire à la Tufts University et Professeur-adjoint de Religion Comparée

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par [JFG/QuestionsCritiques]

Notes
__________________
[1] Voir : Le Procès de l'AIPAC et Youssef M. Ibrahim : Les néoconservateurs, Part II
[2] Voir : Le Roi George, par Uri Avneri et Leo Strauss : l'idéologie fasciste des faucons
[3] Voir : L'Horrible John Bolton, par Jean-François Goulon
[4] Lire : La Victoire du Hamas est Bonne pour Tous et La colonisation de la Palestine empêche la paix, par Jimmy Carter
[5] Lire :Lorsque les Tueries ne Comptent Pas
[6] Lire : Al-Nakba : La Catastrophe Palestinienne, Hier et Aujourd'hui
[7] Jonathan Steele, "Perdu dans la traduction", The Guardian, 14 juin 2006
[8] On lira avec intérêt le discours d'Ahmadinejad prononcé devant la 61ème AG des Nations-Unies le 19 septembre 2006. Ce discours a été boycotté part la communauté internationale...

liens
http://questionscritiques.free.fr/edito/CP/Gary_Leupp/
Conflit_existentiel_Israel_Iran_080207.htm

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lundi, février 12, 2007

Entre Ramallah et Jerusalem

Nadia Ben Dhifallah a ecrit :


Ramallah le 08/02/07

Je quitte Naplouse pour une réunion à Ramallah.
Passage par les checkpoints qui sont la pour nous rappeler que seul Israël commande! Elle seule peut décider de qui passe et qui ne passe pas.

Hier au checkpoint de Hawara (pour entrer et sortir de Naplouse) un étudiant s'est fait tabasse...la majorité des jeunes se sont fait refouler quelle que soit la raison de leur passage (travail, faculté, retour chez eux...)

Ce matin le checkpoint de Qalandia (pour rejoindre Ramallah) était ferme, il a donc fallut faire tout le tour et donc un trajet d'un quart d'heure prend 1 h...
Dans l'après midi je repasse par le checkpoint pour sortir, cette fois il était ouvert mais ils font passer les gens quasiment un par un. Passage par un 1er tourniquet, attendre que la lumière passe au vert pour pouvoir tourner le tourniquet, poser ses affaires et manteau sur le tapis roulant, montrer son passeport et repasser par un tourniquet pour sortir. Ces checkpoints qui ont plus l'air de grandes portes de prisons sont appelés ''Terminal" par les soldats israéliens..

D'immenses murs longent le checkpoint, une partie de ces murs sont colores par des graffitis, des dessins, des écritures que de jeunes palestiniens ont fait pour s'exprimer, comme s'ils voulaient dire que malgré les murs de l'occupation, ils continuent a résister.

Difficile ce droit a l'expression puisque en même temps que je longe ce mur, des coups de feux retentissent et je vois des soldats israéliens tirer sur de jeunes garçons palestiniens qui sont, soit tentés de décorer ce mur soit jetaient des pierres contre ces soldats.

Drôle d'image que ce rapport de force entre des enfants munis de pierres et ces soldats armes jusqu'aux dents....


Jerusalem le 09/02/07

J'ai passe la nuit à Ramallah car j'avais une réunion vendredi matin à Jérusalem.
Rebelote: checkpoint, tourniquets....mais cette fois les personnes âgées moins de 45 ans avaient interdiction de passer le checkpoint et donc de sortir de Ramallah. Or, le vendredi, c'est jour de prière et la plupart des gens veulent aller prier dans le lieu saint El Aqsa. Cela ne change rien, personne ne passe, sauf quelques personnes âgées. Apres de longues minutes d'attente (car on passait un par un) je passe le checkpoint et me retourne pour regarder avec impuissance tous ceux qui rebroussent chemin avec résignation.

J'arrive à Jérusalem, je m'étonne de voir autant de policiers et soldats israéliens partout dans Jérusalem Est. Je passe de nombreux barrages pour m'approcher de la vieille ville. Tous les chemins qui mènent vers la mosquée El Aqsa sont bloques. On nous demande nos papiers et les jeunes ne passent pas. Je suis étrangère donc je passe....Jérusalem est envahie de soldats et policiers israéliens (8000), des barrages partout, je me crois dans les territoires.

L'accès a la mosquée n'est autorisée qu'a certaines personnes âgées, je demande pourquoi a l'un des policiers israéliens qui me répond que c'est parce que les jeunes créent des problèmes. Je lui rétorque qu'en ce moment même c'est plutôt eux qui les créent!!! Il me dit de circuler...

Les palestiniens décident donc de prier dehors et de faire des sittings devant chaque barrage. Subitement, ça dégénère, les soldats et policiers s'énervent et commencent leur travail ''d'évacuation''. Ils deviennent vite violent et se mettent a jeter des bombes lacrymogènes, des bombes assourdissantes et tirent a balles réelles.

De retour a Naplouse, je regarde les infos sur France 2 et j'entends Charles Enderlin dire que les palestiniens avaient commence par jeter des pierres et que l'armée israélienne a riposté. FAUX: l'armée a commencé à tirer avant les pierres!! Et quand bien même ça aurait été vrai qu'est ce que des pierres face aux armes??? Enderlin encore parle de fouilles archéologiques sous El Aqsa, il n'a jamais été question de fouilles archéologiques? Dans ce cas-la pourquoi fouillent-ils vers la mosquée et non vers le mur des lamentations qui est juste a côté??!!

Et pendant ce temps aucun dirigeant d'autres pays ne lève le petit doigt...

Des manifestations ont eu lieu un peu partout en Cisjordanie pour manifester leur soutien a Jérusalem, les manifestants ont été reçu a coup de M16 par les soldats israéliens. D'ailleurs lorsque je suis retournée à Naplouse, ça tirait encore.

Voila comment agit un pays qui se dit démocratique!

Nadia Ben Dhifallah

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mercredi, janvier 24, 2007

Laissons vivre nos enfants...

Abir Aramin, 9 ans, victime innocente de l'occupation

Par Nurit Peled Elhanan
Le Dr. Nurit Peled-Elhanan est Maître de Conférences en Langues à l'Université Hébraique de Jérusalem. En septembre 1997, la fille de Nurit, Smadar, a été tuée par un kamikaze palestinien. Elle et sa famille sont membres du Cercle des Parents, une association qui réunit des familles israéliennes et palestiniennes endeuillées qui militent en faveur de la paix.

Mercredi matin, un soldat israélien a tué sa fille de neuf ans, Abir, en lui tirant dans la tête.
Le soldat ne passera pas une heure en prison.

En Israel, les soldats ne sont pas emprisonnés lorsqu'ils tuent des Arabes. Jamais.
Peu importe si les Arabes sont des jeunes ou des vieux, de réels ou de potentiels terroristes, des manifestants pacifiques ou des lanceurs de pierres.

Bassam Aramin a passé 9 ans dans une prison israélienne parce qu'il était membre du Fatah dans la région de Hebron et qu'il avait tenté de jeter une grenade sur une jeep de l'armée israélienne qui patrouillait dans Hebron Occupé.

Mercredi matin, un soldat israélien a tué sa fille de neuf ans, Abir, en lui tirant dans la tête.

Le soldat ne passera pas une heure en prison.

En Israel, les soldats ne sont pas emprisonnés lorsqu'ils tuent des Arabes. Jamais.

Peu importe si les Arabes sont des jeunes ou des vieux, de réels ou de potentiels terroristes, des manifestants pacifiques ou des lanceurs de pierres.

L'armée n'a pas mené d'enquête sur la mort d'Abir Aramin. Ni la police ni les tribunaux n'ont interrogé qui que ce soit. Il n'y aura pas d'enquête.

En ce qui concerne les "Forces de Défense Israélienne", le tir n'a pas eu lieu.
Le compte-rendu officiel de l'armée au sujet de sa mort est qu'elle a été touchée par une pierre lancée par l'un de ses camarades de classe sur nos forces.

Nous qui vivons en Israel savons que les pierres jetées par des enfants de 10 ans ne font pas exploser la cervelle.

Tout comme nous voyons chaque jour des jeeps israéliennes tourner autour des enfants palestiniens sur leur chemin de l'école et les accueillir avec des bombes assourdissantes, des balles de caoutchouc et du gaz anti-émeutes.

Une balle a pénétré le crâne d'Abir Aramin, alors qu'elle marchait vers l'école avec sa soeur (l'hôpital a dit depuis que ce n'était pas une balle réelle mais il n'a pas dit ce qui a tué Abir ).

Je l'ai vue juste après à l'hôpital Hadassah, où elle dormait tranquillement dans un lit d'hôpital énorme. Le visage d'Abir était blanc. Ses yeux énormes étaient fermés.

A ce moment-là, elle était déjà en état de mort cérébrale et les médecins ont décidé d'autoriser la mort du reste de son corps.

J'ai vu clairement que sa tête avait été touchée à l'arrière.

Un jeune étudiant qui a été témoin du tir a déclaré aux journalistes que la police des frontières israélienne, une branche de l'IDF, se dirigeait en direction des filles qui sortaient de leurs examens scolaires.

Les filles ont pris peur et ont commencé à courir. La police des frontières les a suivies en direction dans l'endroit où elles battaient en retraite.

Abir était effrayée et elle se tenait contre l'un des magasins sur le côté de la route. Je me tenais à côté d'elle.

Le policier des frontières a tiré par un trou spécial dans la vitre de sa jeep qui était vraiment très proche de nous.

Abir est tombée et j'ai vu qu'elle saignait à la tête.

Abir Aramin est morte. Les médecins de Hadassah ne révéleront pas la cause de sa mort à ses parents ou à ses amis. Sa famille a demandé une autopsie.


Son père, Bassam Aramin, est l'un des fondateurs des Combattants pour la Paix. Mon fils, qui a servi comme soldat israélien dans les Territoires Occupés, en est également membre. Ils sont amis.

Bassam nous a dit qu'il ne pourra pas avoir de repos jusqu'à ce que le tueur de sa fille le convainque qu'Abir, âgée de neuf ans, menaçait sa vie ou la vie des autres soldats dans sa jeep. Je crains qu'il n'ait jamais la chance de se reposer.

Abir Aramin a rejoint, dans le royaume souterrain des enfants morts, les milliers d'autres enfants tués dans ce pays et dans les Territoires qu'il occupe.

Elle sera accueillie par ma propre petite fille, Smadar.

Smadar a été tué en 1997 par un kamikaze.

Si son assassin avait survécu, je sais qu'il aurait été envoyé en prison pour son crime et que sa maison aurait été démolie sur les autres menbres de sa famille.

En attendant, je m'assieds avec sa mère, Salwa, et j'essaye de dire : "Nous sommes tous les victimes de l'Occupation".

En disant cela, je sais que son enfer est plus terrible que le mien. Le meurtrier de ma fille a eu la décence de se tuer quand il a assassiné Smadar.

Le soldat qui a tué Abir boit de la bière, joue au backgammon avec ses copains et va probablement la nuit dans les discothèques. Abir est dans une tombe.

Le père d'Abir était un guerrier, qui a combattu l'occupation, officiellement un "terroriste", bien que ce soit une logique étrange que de traiter de terroristes ceux qui résistent à l'occupation et à la dépossession de leur peuple.


Bassam Aramin est toujours un combattant mais en tant qu'activistes de la paix. Il sait, comme je sais, que sa petite fille décédée emmène toutes les raisons de cette guerre dans sa tombe. Ses petits os ne pouvaient pas porter le fardeau de la vie, de la mort, de la vengeance et de l'oppression avec lequel grandissent tous les enfants Arabes ici.

Bassam, en tant que Musulman, croit qu'il doit passer un test en tant qu'homme d'honneur pour ne pas chercher la vengeance, ne pas abandonner, ne pas négliger la lutte pour la dignité et la paix sur sa propre terre.

Quand il m'a demandé où nous trouvions la force de continuer, je lui ait dit la seule chose à laquelle je pensais : des enfants qui nous restent. Ses autres enfants, mes trois fils en vie. Des autres enfants palestiniens et israéliens qui ont le droit de vivre sans que leurs aînés les obligent à devenir des occupants ou des occupés.

Le prétendu monde éclairé occidental ne perçoit pas ce qui se passe ici. L'ensemble du monde éclairé reste à part et ne fait rien pour sauver les petites filles des soldats meurtriers.

Le monde éclairé blâme l'Islam, comme il blâmait par le passé le nationalisme Arabe, pour toutes les atrocités que le monde non-Islamique inflige aux Musulmans.

L'Occident éclairé a peur des petites filles avec des foulards sur leurs têtes. Il est terrifié par les garçons portant des keffiehs.

Et en Israel, les enfants sont éduqués dans la crainte, surtout, des fruits de l'utérus musulman. Par conséquent, quand ils deviennent des soldats, ils ne voient rien mal à tuer des enfants palestiniens "avant qu'ils grandissent".

Mais Basam et Salwa et tous ceux d'entre nous, les victimes juives et arabes de l'occupation israélienne, voulons vivre ensemble tout comme nous mourons ensemble. Nous voyons nos enfants sacrifiés sur l'autel d'une occupation qui n'a aucune base dans le droit ou la justice.

Et, à l'extérieur, le monde éclairé la justifie et envoie encore plus d'argent aux occupants.

Si le monde ne revient pas à la raison, il n'y aura rien plus rien à dire ou à écrire ou à écouter sur cette terre sauf le cri silencieux du deuil et les voix muettes des enfants morts.

Source : http://electronicintifada.net/v2/article6419.shtml

Traduction : MG pour ISM

liens
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=6130&type
=analyse&lesujet=Enfants

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