jeudi, janvier 08, 2009

Rappel : Les 9 règles de l'Info

Par Bernard Langlois :

Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l'esprit lorsqu'il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

Règle Numéro 1 : Au Proche-Orient, ce sont toujours les Arabes qui attaquent les Premiers, et c'est toujours Israël qui se défend ; Cela s'appelle des représailles.

Règle Numéro 2 : Les Arabes, Palestiniens ou Libanais n'ont pas le droit de tuer des civils de l'autre camp. Cela s'appelle du terrorisme.

Règle Numéro 3 : Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s'appelle de la légitime défense.

Règle Numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l'appellent à la retenue. Cela s'appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle Numéro 5 : Les Palestiniens et les Libanais n'ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.

Règle Numéro 6 : Les Israéliens ont le droit d'enlever autant de Palestiniens qu'ils le souhaitent (environ 10 000 prisonniers à ce jour, dont près de 300 enfants). Il n'y a aucune limite et ils n'ont besoin d'apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique 'terroriste'.

Règle Numéro 7 : Quand vous dites 'Hezbollah', il faut toujours rajouter l'expression soutenu par la Syrie et l’Iran’.

Règle Numéro 8 : Quand vous dites 'Israël', il ne faut surtout pas rajouter après : 'soutenu par les États-Unis, la France et l'Europe', car on pourrait croire qu'il s'agit d'un conflit déséquilibré.

Règle Numéro 9 : Ne jamais parler de 'Territoires occupés', ni de résolutions de l'ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l'auditeur de France Info.

Règle Numéro 10 : Les Israéliens parlent mieux le français que les Arabes. C'est ce qui explique qu'on leur donne, ainsi qu'à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole.

Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s'appelle de la neutralité journalistique...

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lundi, novembre 12, 2007

Un petit tour et puis s'en va...


Et hop, Kouchner débarque à Beyrouth ce soir pour une énième visite en quelques mois. Pour reprendre l’image d’un éditorialiste d’al-Hayat, « quand le docteur [c ‘est le cas de le dire] est tellement assidu au chevet d’un malade, c’est que ce patient est dans un état grave. » Qui saurait le nier aujourd’hui ?

J’avais envie de titrer ce post « Bruits de bottes », mais devant le ballet diplomatique déployé au et autour du Liban, celui-ci m’a paru plus approprié.

Ce qui n’enlève rien au vacarme belliqueux qui retentit de plus en plus fort chez nous. Certains espèrent que nous sommes en présence de joueurs de poker, qui feront monter les enchères à coups de bluff retentissants jusqu’à l’ultime instant où ils abattront leurs cartes. Est-ce ce que signifie le discours enflammé de Hassan Nasrallah d’hier ? Ou les envolées absolutistes de Walid Joumblatt les jours précédents ?

Toujours est-il que le ton monte de part et d’autre et que sur le terrain, les tensions s’exacerbent entre partisans des deux camps. Les interventions plus ou moins bien intentionnées, plus ou moins bienvenues d’un Sarkozy qui a fait de la crise libanaise une occasion de renouer les liens entre la France et les Etats-Unis, d’un Bush qui, en fin de mandat, compte bien afficher au moins une « réussite » à son palmarès moyen-oriental, d’un Poutine qui soutient la Syrie quand ça l’arrange puis fait pression sur elle quand ça ne l’arrange plus, d’un Ahmadinejad qui a décidé que le Liban serait le fer de lance de son combat contre le Grand Satan, d’un Assad (et sa clique) qui est plus que jamais décidé à faire traîner les choses dans l’espoir que le vent tourne et remette son régime au cœur de la scène politique régionale, d’un Erdogan tiraillé entre son alliance avec Israël qui l’a mis dans un drôle de pétrin en survolant son territoire pour effectuer un mystérieux raid en Syrie, et sa voisine la Syrie justement, et c’est toujours mieux de bien s’entendre avec ses voisins, d’un Olmert qui n’a pas digéré le camouflet militaro-politique de l’été dernier et qui doit faire avec une population inquiète de l’ostentatoire remilitarisation du Hezbollah, d’un roi Abdallah décidé à prouver à Bachar qu’il n’est pas un "sous-homme" – la preuve, il a rencontré le pape Benoît XVI – et d’un Benoît XVI, justement, qui « s’inquiète » pour la communauté chrétienne du Liban… Même les Chypriotes se sont mis de la partie.

Hafez el-Assad doit se retourner dans sa tombe lui qui, depuis 1975, avait toujours tout fait pour empêcher l’internationalisation de la question libanaise. C’est raté.

Tout ce petit monde s’active autour d’un pays – le nôtre – pour tenter de dissuader son peuple – nous – de se suicider. C’est quand même un comble !

Toujours est-il que nous nous retrouvons avec tout un tas des ballerines diplomatiques dont le pas souvent disgracieux, rarement léger, ne risque pas de mettre les bruits de bottes en sourdine. Parce qu’au Liban, certains considèrent que les bruits de bottes, c’est festif.

Hier, en ce beau dimanche pluvieux et gris, alors que je travaillais péniblement sur un article complètement déconnecté des questions du moment (la pub, que du bonheur…), des pétarades m’ont fait sursauter pour la même raison que la veille, je m’étais précipitée au balcon en entendant des hurlements dans la rue : la crainte que l’étincelle qui allait mettre le feu aux poudres se soit produite et que les Libanais aient décidé d’en venir aux mains (enfin, façon de parler, parce que mes chers compatriotes se serviraient sans doute d’outils plus… définitifs que leurs poings). Mais non. Dans le dernier cas, il s’agissait d’une dispute de quartier particulièrement violente. Dans le premier, il s’agissait de tirs de joie des partisans du Hezbollah, suite au virulent discours de leur sayyed. Mais cela en dit long sur l’état d’anxiété permanente dans lequel nous vivons (et dire que je me plaignais des coupures d’électricité…).

Nous vivons actuellement sur une bombe à retardement. Certains jettent de l’huile sur le feu, partant du principe que la meilleure des défenses, c’est l’attaque ; d’autres s’arment parce qu’ils estiment qu’il vaut mieux prévenir que guérir et qu’ils doivent pouvoir se protéger ; d’autres encore fichent le camp, leur faculté d’espérer ayant été usée jusqu’à la corde; les derniers s’accrochent parce qu’ils n’ont pas le choix, parce que le constat d’échec serait trop terrible. Ou parce qu’ ils estiment que de toute façon, le Liban en a vu d’autres, et eux avec.

Personnellement, je crois que jamais le Liban tel que nous le connaissons n’a été autant en danger. Qu’importe les camps, les médiations, les interférences étrangères.

La responsabilité de ce qui arrivera incombera en premier lieu aux Libanais qui n’auront pas su faire passer leur pays et sa paix avant leur culte idolâtre d’un quelconque leader et avant les rancunes et incompréhensions que, certes, on ne leur a pas laissé le loisir de régler au cours des 15 années d’occupation syrienne, mais qu’eux-mêmes n’auront bien souvent pas appris à dépasser tout seuls.

Je reste convaincue qu’il se trouve au Liban une majorité silencieuse qui rejette ces bruits de bottes. Mais bon sang, il est des cas où décidément, le silence n’est pas d’or.

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jeudi, mai 24, 2007

Les Palestiniens de Nahr al Bared (Nord du Liban) parlent d'APOCALYPSE

A l'intérieur du camp de Nahr al Bared, dans le nord du Liban. Les trois journées de combats entre les activistes du Fatah al Islam et les troupes régulières libanaises à Tripoli dans le camp de Nahr al Bared, en bord de mer, ont été les pires affrontements au Liban n'impliquant pas de troupes étrangères, depuis la guerre civile de 1975-1990. Photo prise le 23 mai 2007/REUTERS/Mohamed Azakir

Jeudi 24 mai 2007
Reuters


Ghazal al Nasser a tenté mercredi de regagner le camp palestinien de Nahr al Bared dans l'espoir d'en faire sortir son fils, qu'elle avait laissé derrière elle quand elle avait fui son domicile, la veille.

Mais les soldats libanais postés à l'entrée du camp de réfugiés l'ont empêchée d'entrer et elle ignore toujours quel est le sort de son fils, qui était blessé au pied.

"C'était comme l'apocalypse. Des tirs, des destructions, l'hystérie", résume cette mère à propos des combats qui ont eu lieu avant qu'elle ne réussisse à quitter le camp, situé dans le nord du Liban. "Vous ne savez pas à quoi ressemble une guerre?"

Les trois journées de combats entre les activistes du Fatah al Islam et les troupes régulières libanaises à Tripoli dans le camp de Nahr al Bared, en bord de mer, ont été les pires affrontements au Liban n'impliquant pas de troupes étrangères, depuis la guerre civile de 1975-1990.

Des réfugiés ont parlé de mosquées et d'habitations rasées et de corps gisant dans les rues du camp.

Un habitant de Nahr al Bared, chauffeur de taxi, dit avoir enterré une quinzaine de personnes dans une fosse commune, à cause de l'odeur pestilentielle des corps. Un autre a parlé de "massacre" à propos des bombardements du camp par l'armée libanaise, même si l'armée assure qu'elle n'a pas visé la population civile.

"J'ai hurlé comme un bébé quand j'ai vu les entrailles d'un jeune homme répandues dans la rue", raconte Abdallah Aouad, âgé de 31 ans.

L'ANARCHIE DANS UNE ECOLE RECONVERTIE EN CENTRE D'ACCUEIL

Des milliers de réfugiés palestiniens ont fui le camp dans la nuit de mardi à mercredi alors que tenait une trêve. Bon nombre d'entre eux sont arrivés dans une école de l'Onu à Beddaoui - un immense camp déjà bondé situé dans les environs.

"Je ne peux pas trouver mes enfants", criait une femme prise d'hystérie, les yeux exorbités, qui s'est effondrée sur les marches menant à l'école. Les couloirs de l'école, où s'entassent des ordures sur un sol déjà jonché de cigarettes, résonnent de cris et de pleurs.

La plupart des hommes se bousculent pour se procurer des rations d'eau et des vivres. Les femmes restent assises, hébétées, sur de fins matelas d'éponge dans des salles de classe crasseuses.

"Nous marchions sur des cadavres dans la rue lorsque nous nous sommes échappés", raconte Oum Ali, une femme frêle portant d'épaisses lunettes. "Il n'y avait pas d'électricité, pas d'eau potable, pas d'eau non plus pour se laver, pas d'eau pour procéder à nos ablutions et prier".

Les petits enfants, eux, rient et courent pied nu dans l'école. Pupitres et chaises ont été poussés au fond des salles pour faire de la place aux réfugiés. Des volontaires cherchent à remplir des formulaires d'identification pour les nouveaux arrivants, mais bon nombre renoncent en raison de l'anarchie qui règne.

Un grand nombre de réfugiés ont quitté leurs habitations avec les seuls vêtements qu'ils avaient sur eux. Une femme de 28 ans, enceinte, est étendue près de son bébé de huit mois, résignée et tranquille. "Nous ne savons pas ce que nous allons devenir. Nous sommes partis de nuit, en pleine obscurité".

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http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=44920&0732

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lundi, avril 02, 2007

Le témoignage d'Olmert (qui a fait l'objet de fuites) révèle l'objectif réel de la guerre contre le Liban

Par Jonathan Cook

L'agression soi-disant "défensive" d'Israël contre le Hezbollah, l'été dernier, au cours de laquelle plus d'un millier de civils libanais ont été tués par des bombardements aériens massifs, au terme desquels Israël a laissé le Sud du pays littéralement recouvert de bombes à sous-munitions, a reçu un éclairage radicalement nouveau, la semaine dernière, du fait du Premier ministre Ehud Olmert.

Son témoignage (qui a fait l'objet de fuites) devant la Commission Winograd (chargée d'enquêter sur les failles du gouvernement israélien tout au long de cette offensive d'un mois), indique qu'il se préparait, en vue de cette guerre, déjà quatre mois, au minimum, avant le casus belli officiel lui ayant servi de prétexte : la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah, le 12 juillet 2006, à un poste frontière.

La dévastation du Liban avait apparemment pour objectif d'administrer une leçon tant au Hezbollah qu'à l'ensemble des Libanais.

Ce nouveau témoignage d'Olmert apporte un peu de clarté, pour la première fois, dans la litanie abracadabrante des justifications officielles de la guerre, égrenée depuis son déclenchement.

Tout d'abord, on nous a dit que la capture des soldats était un "acte de guerre" du Liban, et qu'une campagne "choc et horreur" était nécessaire afin d'en garantir l'élargissement.

Ou encore, comme l'expliqua à l'époque le chef d'état major Dan Halutz - qui avait pris le temps de revendre ses actions avant la chute de la bourse que la guerre qu'il s'apprêtait à déclencher n'allait pas manquer de provoquer -, ses pilotes d'avion allaient "faire retourner le Liban vingt ans en arrière".

Par la suite, l'armée israélienne affirma qu'elle s'efforçait de mettre un terme aux frappes des roquettes du Hezbollah.
Toutefois, sa campagne de bombardements ne cibla pas les seuls lanceurs de roquettes, mais la quasi totalité du territoire libanais, y compris Beyrouth. (Bien entendu, on passa sous silence, de manière expédiente, le fait que les roquettes du Hezbollah étaient une réplique aux bombardements israéliens, et non le contraire !)

Enfin, on nous a gratifiés de variations sur un thème qui tint bon, quant à lui, jusqu'à la fin du conflit : la nécessité de repousser le Hezbollah (ainsi, incidemment, que des centaines de milliers de civils libanais) loin de la frontière septentrionale d'Israël.

Ce fut le mobile de la résolution 1701 de l'Onu, qui entraîna la fin officielle des hostilités, à la mi-août.
Tout aussi suspecte sembla la raison pour laquelle Israël décida, au dernier moment, de balancer jusqu'à un million de petites bombes - de vieux stocks américains de bombes à sous-munitions, au taux de "long feu" (d'échec) particulièrement élevé - , lesquelles, aujourd'hui, gisent dans les champs, les terrains de jeu et les cours des maisons du Sud Liban, attendant de déflagrer.

Ce qu'il y avait de notable, avant les dernières révélations olmertiennes, c'étaient les récriminations du commandement militaire, qui tenait à se distancer du fiasco que fut, pour Israël, l'agression contre le Hezbollah.

Après avoir démissionné, Halutz fit retomber le blâme sur l'échelon politique (c'est-à-dire, au premier chef, Olmert), tandis que ses subordonnés blâmaient à la fois Olmert et Halutz.

L'ancien chef d'état major s'était fait avoir principalement en raison du fait, a-t-il été avancé, qu'appartenant à l'armée de l'air, il aurait surestimé la capacité présumée de ses pilotes à « neutraliser » les fusées du Hezbollah.

Vu ce contexte, Olmert s'est montré particulièrement coopératif, dans son témoignage devant la commission Winograd. Non seulement il a assumé son entière responsabilité dans la guerre, mais, si on doit en croire les médias israéliens, il a même assuré la publicité de ses déclarations, en organisant lui-même des fuites.

Olmert a déclaré à la commission Winograd que, loin de faire la guerre sur un coup de tête, en réponse à la capture de deux soldats (principal circonstance atténuante de la furie agressive d'Israël), il avait lui-même planifié une attaque contre le Liban, depuis - au bas mot - le mois de mars 2006.

Son témoignage est plus que plausible. Des allusions à des plans préexistants d'une invasion terrestre du Liban avaient été effectivement faites dans la presse israélienne, à cette époque.

Ainsi, par exemple, au premier jour de la guerre, le Jérusalem Post écrivait : "Voici quelques semaines, seulement, c'est toute une division de réservistes qui a été mobilisée à des fins d'entraînement, en vue d'une opération similaire à celle que l'armée israélienne est en train de mettre en pratique en réplique aux attaques du Hezbollah contre elle, mercredi matin, à la frontière nord (d'Israël)".

Olmert a justifié ces préparatifs devant la Commission, arguant du fait qu'Israël s'attendait à ce que le Hezbollah capture des soldats, à un moment ou un autre, et qu'il voulait, dans cette perspective, être prêt pour une réponse impitoyable. La destruction du Liban dissuaderait le Hezbollah d'envisager une opération du même type, à l'avenir.

Mais il existait une route alternative, qu'Olmert et ses commandants auraient pu emprunter : ils auraient pu chercher à diminuer la menace d'attaques à la frontière Nord en éliminant les principales causes de conflit entre Israël et le Hezbollah.

D'après le témoignage d'Olmert, il était à la recherche, précisément, d'une solution analogue au principal problème : un petit corridor de territoires connus sous le nom de Fermes de Shebaa, revendiquées par le Liban, mais occupées par Israël depuis 1967.

Résultat de l'occupation de la région des Fermes de Shebaa : le Hezbollah a pu arguer du fait que le retrait israélien du Sud Liban, en 2000, n'avait pas été un retrait complet, et que le territoire libanais devait toujours être libéré.

L'assertion d'Olmert, toutefois, ne résiste pas à l'examen critique.

En janvier, les médias israéliens avaient révélé qu'au moins depuis deux ans, le dirigeant syrien Bashar al-Asad se prosternait littéralement devant Israël au cours de négociations en coulisses visant à la restitution à la Syrie du Golan, aujourd'hui sous occupation israélienne.

En dépit du fait que ces pourparlers offrissent à Israël les conditions les plus favorables qu'il pût espérer (y compris la décision de faire du Golan un parc naturel de la paix, accessible aux Israéliens), Sharon, puis Olmert - avec le soutien des Etats-Unis - avaient refusé d'encourager Damas dans cette voie.

Un marché conclu avec la Syrie, à propos du Golan, aurait presque certainement signifié la restitution des Fermes de Shebaa au Liban. Si Israël, ou les Etats-Unis, l'avaient bien voulu, ils auraient pu avancer considérablement, sur ce front.

L'autre sujet de tensions majeures, c'étaient les violations répétées de la frontière Nord par Israël, complétées par les propres violations du Hezbollah, même si celles-ci étaient moins fréquentes.

Après le retrait de l'armée israélienne, en 2000, des observateurs de l'Onu avaient enregistré des violations quasi quotidiennes de l'espace aérien libanais par les avions de guerre israéliens.

Des survols étaient effectués, de manière répétée, jusqu'au-dessus de Beyrouth, où les pilotes utilisaient des bombes soniques afin de terrifier la population locale, tandis que des drones israéliens surveillaient la plus grande partie du territoire libanais.

Là encore, eût Israël cessé ces violations de la souveraineté libanaise, la violation de la souveraineté israélienne perpétrée par le Hezbollah en attaquant le poste frontière aurait été bien difficile à justifier.

Enfin, le Hezbollah ayant effectivement capturé les soldats, Israël avait encore une possibilité de négocier leur libération et leur retour. Dès le début, le Hezbollah avait déclaré qu'il voulait échanger ces soldats israéliens contre une poignée de prisonniers libanais toujours détenus dans les geôles israéliennes.

Mais, bien entendu, comme le laisse entendre le témoignage d'Olmert, Israël n'était pas intéressé par de quelconques discussions, ni par une halte dans sa campagne de bombardements. Cela ne faisait pas partie, en effet, du projet.

Nous sommes désormais en mesure de rassembler les éléments de la raison de cet état de fait.

D'après les fuites, Olmert a discuté de préparatifs en vue d'une guerre contre le Liban dès le mois de janvier, ce après quoi il avait demandé des projets détaillés, en mars.

De manière aisément compréhensible, au vu des conséquences, le témoignage d'Olmert a été fustigé par les principaux dirigeants israéliens.

Effi Eitam a fait observer que la version d'Olmert reflète dans une large mesure celle du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lequel affirme que sa formation savait qu'Israël voulait attaquer le Liban, de toutes les manières.

Yuval Steinitz, quant à lui, argue du fait que, puisqu'une guerre était attendue, Olmert n'aurait pas dû approuver une large coupe dans le budget de la défense, seulement quelques semaines auparavant.
L'explication peut toutefois en être trouvée avec quelque plausibilité dans des prévisions portant sur l'issue de la guerre, dont Halutz et certains ministres avaient fait état en conseil des ministres.

Halutz, a-t-il été rapporté, pensait qu'une campagne aérienne permettrait de vaincre le Hezbollah en deux ou trois jours, après quoi l'infrastructure du Liban pourrait être démolie en règle, sans encombre.
Certains ministres, semble-t-il, pensaient même que la guerre serait terminée en moins de temps encore.

De plus, un flagrant délit a été offert par l'état major, dont les commandants affirment aux médias israéliens qu'ils avaient été tenus à l'écart de toute décision par le Premier ministre. Si Olmert préparait effectivement une guerre contre le Liban, affirment-ils, il n'aurait pas dû les laisser dans un tel état d'impréparation.

C'est là, en l'occurrence, une assertion étrange et peu convaincante : avec qui Olmert parlait-il donc de ses préparatifs de guerre, sinon avec son état major ?

Et comment pouvait-il planifier le déclenchement de cette guerre, si l'état major n'était pas intimement impliqué dans ces préparatifs ?

Les dates mentionnées par Olmert sont particulièrement intéressantes.

Sa première discussion au sujet d'une guerre contre le Liban aurait été tenue le 8 janvier 2006, soit quatre jours après sa nomination au poste de Premier ministre après l'hémorragie cérébrale et le coma de Sharon. Olmert tint sa réunion suivante, sur le même sujet, en mars, sans doute immédiatement après sa victoire aux élections.

Il y eut, apparemment, d'autres conversations sur le même thème en avril, en mai et en juillet.

Plutôt que l'impression, volontairement donnée par Olmert, d'un Premier ministre maladroit et novice sur le plan militaire "décidant tout seul" d'une offensive militaire majeure contre un pays voisin, c'est un scénario plus vraisemblable qui commence à prendre forme à nos yeux.

Ce scénario suggère que, dès la prise de pouvoir par Olmert, celui-ci fut peu à peu mis dans la confidence de l'armée, timidement, tout d'abord, en janvier, puis plus franchement après son élection.

Il fut alors autorisé à connaître les plans secrets - et déjà très avancés - du haut commandement militaire, concernant une guerre - des plans à l'avancée desquels nous pouvons supposer que son prédécesseur, Ariel Sharon - un ancien général - avait été profondément impliqué.

Mais quel intérêt pourrait bien avoir Olmert, aujourd'hui, à endosser la responsabilité du fiasco guerrier, s'il l'a simplement approuvé, et non pas formulé ?

C'est sans doute parce qu'Olmert, qui est apparu faible et inexpérimenté sur le plan militaire aux Israéliens, ne veut pas donner raison à ses détracteurs.

Et c'est sans doute aussi parce que, son capital politique étant quasiment épuisé, il serait bien incapable de survivre à une bataille pour la conquête des cours et des esprits des Israéliens, contre l'armée (laquelle est - les sondages d'opinion sont unanimes à ce sujet - l'institution la plus respectée de la société israélienne), au cas où il s'aviserait de rendre les militaires responsables du fiasco de l'été dernier.

Halutz étant parti, Olmert n'avait pratiquement plus d'autre choix que de faire son 'mea culpa'.

Quelles sont les preuves d'une guerre déjà préparée par les généraux israéliens ?

Tout d'abord, un article du San Francisco Chronicle, publié peu après le déclenchement de la guerre, a révélé que l'armée israélienne se préparait depuis des années en vue d'un assaut de grande ampleur contre le Liban, et qu'elle avait déjà un projet spécifique portant sur une "Guerre des Trois Semaines", que les responsables militaires israéliens avaient partagé avec des boîtes à idées et des responsables américains.

"Voici de cela plus d'un an, déjà, un haut responsable de l'armée israélienne avait commencé à donner des présentations PowerPoint, de manière rigoureusement non-officielle, à des diplomates américains (mais pas seulement), à des journalistes et à des boîtes à idées, lesquels documents semblaient préfigurer l'opération militaire actuelle d'une manière frappante", écrit ainsi le reporter Matthew Kalman.

Cette hypothèse a été confirmée, cette semaine, par un officier supérieur ayant requis l'anonymat, qui a fait savoir au quotidien israélien Ha'aretz que l'armée israélienne disposait d'un plan bien arrêté en vue d'une invasion terrestre de grande ampleur au Liban, mais qu'Olmert avait hésité à le mettre en pratique : "Je ne sais pas si Olmert connaissait ce plan dans les détails, mais tout le monde savait que l'armée israélienne avait un projet d'opération terrestre prêt à l'emploi, n'attendant que le feu vert pour sa mise en oeuvre."

Par ailleurs, il y a cette interview, dans les médias israéliens, de Meyrav Wurmser, épouse d'un des plus hauts responsables de l'administration Bush, David Wurmser, lequel est le conseiller ès Moyen-Orient du vice-président Dick Cheney. Meyrav Wurmser, citoyenne israélienne, est elle-même intimement associée à la Memri, une compagnie, connue pour ses liens consanguins avec les services secrets israéliens, qui "traduit" des discours (qui massacre , surtout, la traduction.) tenus par des dirigeants et responsables arabes.

Cette dame a fait savoir au site ouèbe du plus grand quotidien israélien, Yediot Aharonot, que si les Etats-Unis ont (tellement) traîné les pieds pour imposer un cessez-le-feu, durant l'offensive israélienne contre le Liban, c'est parce que l'administration Bush escomptait que la guerre serait étendue à la Syrie.

"La Maison Blanche est en colère, et sa colère est due au fait qu'Israël n'a pas livré bataille aux Syriens. Les néocons sont responsables du fait qu'Israël a disposé de tellement de temps et d'espace : ils étaient absolument persuadés qu'il fallait laisser à Israël le temps de remporter cette guerre.
Cela est dû, en très grande partie, à cette idée qu'Israël se devait de combattre les véritables ennemis : les pays qui soutiennent le Hezbollah. Il était évident qu'il était totalement inenvisageable de livrer bataille directement à l'Iran. Mais l'idée, en gros, c'était qu'il fallait frapper l'allié stratégique, l'allié important de l'Iran ; j'ai nommé la Syrie."

Autrement dit, le tableau en train d'émerger est celui d'un plan de l'armée israélienne, établi de longue date, approuvé par les plus haut responsables états-uniens, préconisant une guerre éclair contre le Liban - suivie par de probables frappes d'intimidation contre la Syrie - en utilisant le prétexte d'un incident transfrontalier impliquant le Hezbollah.

Le réel objectif, pouvons-nous supposer, était d'affaiblir ceux qui sont vus, par Israël et les Etats-Unis, comme des alliés de Téhéran, avant de frapper l'Iran lui-même.

C'est la raison pour laquelle ni les Américains, ni Israël ne voulaient négocier (ils semblent d'ailleurs toujours enclins à le refuser) avec Assad sur le Golan, ni rechercher un accord de paix qui aurait pu - une fois n'est pas coutume - changer la carte du Moyen-Orient - en mieux.

Malgré quelques signes de fléchissement, dans les relations de Washington avec l'Iran et la Syrie, ces derniers jours - un fléchissement motivé par le besoin désespéré des Etats-Unis de cesser de s'enfoncer plus profondément dans le bourbier irakien -, Damas est inquiète, et on le serait pour moins.

Les postures continûment agressives des Etats-Unis et d'Israël ont suscité une réaction prévisible de la Syrie : elle a commencé à renforcer ses défenses tout au long de sa frontière avec Israël. Mais dans ce véritable monde d'Alice au pays des merveilles qu'est le renseignement militaire israélien, cette réponse est en train d'être interprétée - ou d'être instrumentalisée - dans le sens d'une attaque militaire, de la part de la Syrie.

C'est, par exemple, ce que pense Martin Van Creveld, un professeur israélien d'histoire militaire (pourtant décrit, habituellement, comme éminent et fiable, doté de contacts impeccables au sein de l'establishment militaire israélien), lequel a publié, récemment, un article dans l'hebdomadaire juif américain The Forward.

Dans cet article, Van Creveld suggère que la Syrie, bien loin de désirer négocier au sujet du Golan - ce que tout, pourtant, semble indiquer -, serait, en réalité, en train de planifier une attaque contre Israël, au cours de laquelle elle utiliserait vraisemblablement des armes chimiques, en octobre 2008, afin de tirer parti du brouillard et des pluies abondantes en cette saison.

L'objectif de cette attaque ?
Apparemment, dit le professeur, la Syrie veut "infliger des pertes" à Israël, et s'assurer que le régime de Jérusalem "jettera bien l'éponge".

Quelles preuves de ces noirs desseins syriens le professeur Van Creveld détient-il ?

Le fait que l'armée syrienne s'est livrée à une fringale de shopping d'armements en Russie, récemment, et aussi celui qu'elle soit en train d'étudier les leçons retirées de la guerre au Liban.

Van Creveld prédit (attention : en ce qui concerne la Syrie, et non Israël !) ce qui suit : "Quelque incident sera généré et utilisé comme prétexte pour ouvrir des tirs de missiles contre les Hauteurs du Golan et la Galilée."

Puis il conclut : "Dans l'ensemble, le plan syrien en train d'émerger est excellent, et il a relativement des chances de réussir."

Et qu'est-ce qui pourrait bien arrêter les Syriens ?

"Certainement pas des négociations de paix", argumente Van Creveld.
"A l'évidence, beaucoup dépendra des événements en Irak et en Iran. Une brèveoffensive américaine en Iran, pour peu qu'elle soit couronnée de succès, pourrait persuader Assad du fait que les Israéliens, dont l'essentiel du matériel militaire lourd est américain, ou dérivé de matériels américains, ne sauraient être contrés, en particulier pas dans les airs. A contrario, un retrait américain d'Irak, combiné à un statu quo américano-iranien dans le Golfe persique, contribuerait grandement à délier les poings d'Assad."

Air on ne peut plus connu. L'Iran veut vitrifier Israël, et la Syrie veut que Jérusalem "jette l'éponge" - c'est tout du moins ce que les néocons et les idiots utiles du "clash des civilisations" voudraient nous donner à accroire.

La crainte est donc, désormais, qu'ils obtiennent ce qu'ils veulent, et qu'ils poussent Israël et les Etats-Unis dans une énième guerre préemptive - et peut-être même deux !

Source : http://www.electronicintifada.net/
Traduction : Marcel Charbonnier

liens
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=6427&type=
analyse&lesujet=Rapports

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lundi, mars 26, 2007

Sabra et Shatila


SANS COMMENTAIRE

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vendredi, mars 16, 2007

Le Dessous Des Cartes - Liban

Partie I


Partie II

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samedi, janvier 27, 2007

A mes soeurs et frères libanais : REVEILLONS NOUS...


REVEILLONS NOUS... REVEILLONS NOUS... REVEILLONS NOUS.

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