lundi, juillet 16, 2007

Mon pote M'hamed

Nadia Ben Dhifallah a écrit :

"Il est 3h du matin. L'armée entre dans la ville et un contingent se dirige vers la maison de mon pote M'Hamed.

Les soldats tirent sur la maison, ils arrachent la porte du garage et une balle traverse la porte d'entrée et atterrie sur le mur du salon. Le soldat en charge de cette incursion, utilise une porte voix et demande à la famille de sortir.

La famille de M'Hamed paniquée, ne comprenant rien a ce qu'il se passe, s'exécute. Ils demandent aux membres de se coucher a terre devant la maison et prennent a part M'hamed. Ils disent au père qu'ils l'emmènent avec eux.

Le père: "Pourquoi? Mon fils n'a rien fait!"
Le soldat: "On va juste faire une ballade avec lui, ne t'inquiète pas"
Le père: "S'il vous plait ne lui faites pas de mal, ne le tapez pas et que dieu protège vos enfants..."

M'hamed est parti, laissant ses parents dans le désarroi, le désespoir, la peur...
Nous ne savons pas pourquoi cette arrestation musclée, ni ou il se trouve en ce moment. M'hamed est un jeune garçon de 25 ans sans histoire qui travaille dans la boutique de son père. M'hamed est juste un jeune palestinien de Naplouse...

Voila comment un père dans le désespoir et de peur de voir son fils se faire battre par les soldats de l'occupation souhaite a ceux-la que dieu protège leur progénitures...

Que dieu te protège M'Hamed!"

Nadia Ben Dhifallah

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vendredi, mars 23, 2007

Fête des mères à Naplouse

Nadia Ben Dhifallah a écrit :
Naplouse le 21/03/07
Fête des mères


Comme chaque matin, j'allume ma radio. Ici on écoute la radio pour les infos ou la météo, comme partout ailleurs mais surtout pour se renseigner sur les checkpoints. Sont-ils fermes, ouverts? Y a t'il beaucoup de monde? Laisse-t-on passer facilement? etc..

Aujourd'hui, c'est un jour particulier, c'est la fête des mères. Plusieurs personnes appellent les stations de radio et laissent des messages pour leurs mères.

Une femme appelle et raconte qu'elle n'a pas vu sa mère depuis 8 ans. Elle a la gorge nouée et laisse un message a sa mère, en lui disant qu'elle pense fort a elle, qu'elle lui manque terriblement. En fait, cette femme habite hors de Palestine et ne peut pas se rendre dans son pays comme bon lui semble, et comme énormément de palestiniens, elle ne peut voir sa famille.

Une autre, qui réside en Palestine, n'a pas vu sa mère depuis plusieurs années et pourtant sa mère aussi réside en Palestine, mais en Palestine on ne peut se déplacer comme on le veut et l'occupation et le mur ont sépare bon nombre de familles.

Je m'arrête pour écouter ces messages et suis émue par ces voix et ces histoires. Je me dis que ma journée commence déjà avec émotion.

Avec quelques membres de mon équipe nous décidons de rendre visite a des femmes handicapées et a des orphelins. Nous achetons des confiseries et nous rendons dans un institut qui héberge une vingtaine de femmes. La majorité est sur une chaise roulante, certaines sont handicapées moteurs, d'autres mentales et d'autres les 2. Ce sont pour la plupart des femmes seules, veuves ou loin de leurs familles. Elles ont l'air de comprendre qu'aujourd'hui, ce n'est pas un jour comme les autres, elles nous accueillent avec ce brillant dans les yeux et ce sourire qui me va droit au coeur. Je les salue toutes, une par une, et l'une d'elle prend ma main et l'embrasse, je me baisse alors pour l'embrasser et la elle me pose un baiser sur le front. Je lui explique que c'est a moi de l'embrasser, car aujourd'hui c'est un jour pour elle. On me dit qu'elle est muette, mais rien que son regard en dit long.

Dur de ne pas succomber à l'émotion et de retenir ses larmes. Je me ressaisit, parle avec elles, leur caresse le visage et les mains pour montrer ma profonde amitié.

On me présente un petit garçon, Safwan, handicape moteur. Il a 5 ans et est orphelin. Il m'embrasse, je lui tends un chocolat. Il prend un chocolat dans la boite et me le tend a son tour.

Je sors, les larmes coulent sans que je puisse les retenir, aujourd'hui, pour la 1ere fois, la fête des mères a un sens.

Nadia

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lundi, février 26, 2007

Naplouse sous couvre-feu

Nadia DHIFALLAH a écrit :

Naplouse le 26/02/07

Cela fait 2 jours que l'armee est dans Naplouse, surtout dans la vieille ville.

Nous sommes sous couvre-feu, ce qui signifie interdiction de circuler.

Les habitants de la vieille ville ne pouvant sortir, nous avons ete plusieurs a nous porter volontaires pour apporter du lait pour bebe, du pain et des pommes de terre aux familles qui ont des enfants.

Nous nous sommes retrouves dans une vieille ville completement envahie de soldats, les maisons occupées....Les rues de Naplouse ont ete demolies, ravagees, on se croirait dans un film de guerre sauf que la il n'y a qu'un camp qui tire et qui ravage.

Negociation avec les soldats pour pouvoir emprunter telle ou telle ruelle...souvent en vain.

Aujourd'hui, j'ai mal a la tete, j'ai mal au coeur de voir cette situation plus que difficile, presqu'irreelle et pourtant si vraie.

Je revois ces gens derriere leurs fenetres nous demandant de les aider, de leur donner des vivres ou medicaments, d'autres n'osant pas parler ou bouger car les soldats sont soit dans leur maison soit dans celle d'a cote...
Je vois cette souffrance sans pouvoir faire grand chose...

Nadia

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vendredi, février 16, 2007

Naplouse 15/02/07

Nadia DHIFALLAH a écrit :

C'est souvent lors de nos voyages que nous nous rendons compte de la chance que nous avons de vivre dans un pays ou la vie est plus facile.

Depuis que je suis arrivée, j'ai connu une pénurie de gaz, donc impossible de se réchauffer, ni de cuisiner, ni d'avoir l'eau chaude. Ça a duré 4 jours. Une fois le problème du gaz règle, c'est l'eau cette fois qui nous fait défaut. En effet, en Palestine, l'eau est un gros problème. Les palestiniens ont tous des réservoirs d'eau sur le toit que la mairie remplit tous les 3 jours, mais il arrive souvent ou il faut attendre plus de 3 jours pour avoir l'eau. Ce qui est mon cas, cela fait 5 jours que je n'ai pas d'eau.

En France, j'aurais perdue patience, j'aurais appelée les responsables et je leur aurais passé un savon. Ici, qui est le responsable? A qui m'en prendre? J'appelle l'armée israélienne et je leur demande de bien vouloir rendre l'eau aux palestiniens... Arrête de rêver Nadia, tu es en Palestine.

Du coup je prends mon mal en patience et j'attends comme tout le monde que l'eau revienne.

Sacrée leçon de vie que la Palestine....

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mercredi, février 07, 2007

Naplouse le 06/02/07

Nadia DHIFALLAH a écrit :

"Dans la maison des associations et de la jeunesse que je gère sur Naplouse, une personne est en charge de l'entretien et donc elle est la premiere a arriver chaque matin dans nos locaux. Ce matin cette personne appelle pour dire que les soldats entourrent le centre, ils sont a la recherche de jeunes. Heureusement personne encore n'etait arrive au centre et quand je suis arrivee, ils etaient deja partis.
Lorsque j'ai vu qu'on m'appelait du centre, je pensait qu'il y avait un probleme de cle, ou d'eau ou quoi que ce soit de technique, j'avais presque oublie qu'ici on est en Palestine et que les problemes sont quasi toujours lies a l'occupation.

Dans l'apres midi, reunion de toute l'equipe, en guise de musique de fonds les tirs des soldats...il etait presque difficile de s'entendre mais la reunion a continue et les tirs au bout d'une demie heure ont cesse...rien ne trouble le travail des gens ici, ces tirs font partis du quotidien..."

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