mardi, août 29, 2006

L'autre monde arabe ?

Il ya des informations qu'on ne trouve ni dans la presse de France et la presse outre-atlantique, et les réussites économiques remarquables du monde arabe et/ou musulman en font souvent partie.

On pourrait imaginer une ènième théorie du complot, mais c'est probablement plus les préjugés qui collent aux peuples et pays concernés qui font que toute réussite y apparaît surfaite, voire illégitime et éphèmère. Les Emirats Arabes Unis démontrent pourtant le contraire, à qui veut bien ouvrir les yeux. Avec une croissance à près de 10% par an depuis plusieurs années et une économie assez diversifiée, ce pays très musulman (la sharia islamiya est la source du droit constitutionnel et les Musulmans y semblent tous pratiquants) offre une image de tolérance et d'ouverture qui s'exprime particulièrement bien dans leur économie globalisée et en pleine expansion. Les préjugés dont nous avons parlé tout à l'heure feront dire aux mauvaises langues que ce n'est du qu'à une rente du pétrole et du gaz : c'est le prétendu aspect illégitime. Mais c'est en fait tellement réducteur que c'en est faux.

Tout d'abord, les industries pétrolières et gazières sont de vrais secteurs industriels qui, au même titre que l'automobile ou l'électronique, nécessitent technologies et plannifications, des investissements massifs, une infrastructure générale minimum et une bonne gestion ; du côté des ressources humaines, cela nécessite également cadres, ingénieurs, techniciens, etc. Rien à voir donc avec la véritable rente que sont le soleil et la plage en Californie ou à Acapulco par exemple. Passons.

Les Emirats ne sont pas un pays qui devrait sa croissance au seul prix du baril car près des trois quarts de leur économie se réalise en dehors du secteur des hydrocarbures. Les Emirats sont par exemple un pays qui importe et exporte énormément. Doubai est ainsi le premier port du Moyen-Orient et devrait bientôt devenir la première plaque aéro-portuaire de la région. Son dynamisme commercial, immobilier et industriel ont d'ailleurs permis à Doubai d'atteindre une croissance économique de 16,5 % en 2005, loin devant la Chine, alors que les hydrocarbures ne constituent que 5 à 6 % de son Produit Intérieur Brut annuel (CF Ministère de l'Economie émirien, 2006).

Les Emirats Arabes Unis sont aussi un pays à l'agriculture dynamique et exportatrice de produits et, phénomène récent, de technologie agricole. Or l'exportation de technologie est un des objectifs économique des Emirats Arabes Unis. Des sommes colossales sont investies chaque année dans l'enseignement supérieur et la recherche. En juillet dernier, les Emirats ont signé un accord avec de prestigieux centres universitaires internationaux pour développer le plus important centre de recherches appliquées sur les énergies renouvelables, la gestion durable de l'eau et l'enfouissement du carbonne. Nommée Initiative Masdar, ce projet publique-privé inclue des partenaires scientifiques comme le Tokyo Technological Institute, le Centre Aérospatial allemand, le Earth Insitute de l'Université Columbia, le laboratoire des énergies du futur de l'Imperial College of London, etc.

Du côté des industriels participants, on peut noter la présence de Rolls-Royce (pour la fabrication de moteurs et turbines), de la General Electric, de Mitsubishi, de Mitsui, etc.
Des projets de recherches appliquées ont déjà étés développés et les travaux devraient commencer dès que les bâtiments de la nouvelle université prévue à cet effet seront prêts, en plein coeur des 4 km2 de la zone franche que l'émirat d'Abou Dhabi a attribué gratuitement à cette vaste initiative scientifique. Le développement et l'exportation de technologies devraient se concrétiser dans les années à venir, démontrant que les leaders des Emirats Arabes Unis, comme ceux du Qatar d'ailleurs, sont proactifs politiquement et économiquement, et qu'ils prévoient bien à l'avance l'après-pétrole et l'après-gaz, en investissant fortement dans l'économie des connaissances.

On pourrait continuer longtemps la déconstruction du cliché de l'homme du Golfe riche et stupide qui, en bon nabab rentier sorti d'un château des milles et une nuit en plein désert, viendrait chaque année les poches pleines de pétrodollars claquer des fortunes dans les boutiques de luxe parisiennes, sans penser au lendemain.

On pourrait continuer longtemps aussi à vivre dans des clichés erronés mais confortables intellectuellement. On le pourrait et on le subirait si on ne cherchait qu'à voir un "monde arabo-musulman en crise", au lieu de voir qu'autre chose existe, peut être un nouveau monde arabo-musulman qui naît ? Ou bien, si un "monde arabo-musulman" doit forcemment être dépeint "en crise", existe-t-il alors un "autre monde arabe".

Laurent Lambert

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