samedi, août 26, 2006

Le dernier-né des délires de la droite canadienne.


Trois articles dans lesquels leurs auteurs répondent à l'article de Barbara Kay, publié le 9 août dernier dans le National Post, suite à la manifestation d’appui au Liban qui a eu lieu à Montréal.

Attachez votre turban avec de la broche, après Adolf Bouchard, voici Oussama ben Boisclair

Biz
Membre du groupe Loco Locass
Édition du mardi 15 août 2006


Ainsi si Céline est antisémite pis qu'icitte on est franco, Ipso facto, on se mérite le titre d'ostie de fachos. Tout ça m'irrite, surtout qu'on oublie vite qu'en Ontario, Les plages un jour furent interdites aux juifs, aux chiens pis aux négros. Dans l'ordre pis texto -- Loco Locass, La Censure pour l'échafaud

Lorsqu'ils perçoivent les spécificités culturelles québécoises (qui nous distinguent par-delà tout statut politique), les Canadiens les considèrent au mieux comme de gentilles curiosités qui égaient la fédération, au pire comme d'immondes anomalies à laminer. Le conflit au Liban révèle un exemple des abyssales différences entre Canadiens et Québécois. Selon les sondages, nous serions ici plus nombreux que dans le ROC à trouver que le gouvernement d'Israël exagère en bombardant des civils libanais pour éradiquer une organisation terroriste.

Cet écart de perception a fourni à la journaliste du National Post Barbara Kay l'occasion de tartiner son fiel sur le dos des Québécois. Dans un article intitulé «The rise of Quebecistan» , elle reproche aux chefs souverainistes Duceppe et Boisclair d'avoir participé à une marche pour la paix qui a rassemblé 15 000 personnes à Montréal le 6 août dernier. Puisqu'on y a aperçu quelques drapeaux du Hezbollah, elle déduit que cette manifestation était anti-israélienne et proterroriste.

En fait, pour la correspondante du Post, le réel est très simple : tous ceux qui n'appuient pas inconditionnellement les actions du gouvernement israélien sont antisémites et proterroristes. Et Mme Kay de conclure avec un sombre trémolo dans le clavier : «Would an independent Quebec be a friend to terrorists ?»

Discréditer l'indépendance

Les fédérés ne savent plus comment discréditer l'indépendance aux yeux des Québécois. La dernière flèche de leur carquois est aussi pathétique que minable : associer l'élite souverainiste aux idées les plus ignobles. Dans les journaux canadiens, le gène maléfique des souverainistes mute selon les époques. En 1976, Lévesque et sa bande étaient communistes. En 1995, Bouchard était un nazi. Onze ans plus tard, Duceppe et Boisclair soutiennent les terroristes.

L'ennemi évolue, mais c'est toujours la même logique d'épouvantail extrémiste. Mené par de tels chefs, que serait un Québec indépendant sinon un nouveau terreau à terroristes en terre d'Amérique ?

J'exagère ? L'original est encore mieux. «Think about what this would mean if Quebec ever were to become independent, and detached from the leadership of politicians who know the difference between a democracy and a gang of fanatical exterminationists.»

On se croirait dans Bon cop, bad cop, tellement la caricature est grossière.

Heureusement, les lumières canadiennes révèlent au grand jour l'émergence de ce sombre Quebecistan : «Complacent Canadians think it can't happen here. It won't if our political class takes its cue from the principled Stephen Harper rather than the shameless Quebec politicians who led that pro-terrorist rally.» Saint Stephen, délivrez-nous de nos démons !

Ce pourrait être drôle si Mme Kay était une illuminée engagée par un mensuel évangéliste albertain. Mais elle travaille pour un quotidien national, dont l'éditeur a défendu les propos en affirmant que le Québec avait une longue histoire antisémite. Parce qu'elles sont partagées plus ou moins tacitement par de nombreux Canadiens, les élucubrations de Kay (aussi farfelues soient-elles) méritent qu'on y réponde sérieusement.

La paix d'abord

Rappelons que la marche à laquelle ont participé Duceppe et Boisclair était en faveur de la paix au Moyen-Orient. Elle rassemblait des personnes de toutes allégeances : des Québécois juifs, des Québécois dits de souche, des Québécois arabes, des souverainistes et des fédéralistes (à moins que Denis Coderre n'ait viré son capot au cours de l'été).

Même s'ils ont été hués par une certaine partie de la foule, Duceppe et Boisclair ont clairement (et avec raison) rappelé le droit d'Israël à se défendre. À ma connaissance, aucun discours de ces deux hommes ne contient la moindre parcelle d'antisémitisme ou de racisme, et ce, tout simplement parce que les chefs souverainistes sont à l'image de l'immense majorité des Québécois : ouverts, pacifistes et respectueux des différences.

C'est tout de même curieux que la droite canadienne perçoive les Québécois comme des sympathisants islamistes radicaux alors qu'elle dénonce leur manque de tolérance religieuse au sujet du kirpan à l'école. Quoi qu'il en soit, il semble que les Québécois traînent le boulet d'un lourd passé antisémite, qui expliquerait notre sympathie envers les Arabes. Cela nous a tellement été répété qu'on a fini par le croire.

Dans une lettre ouverte au quotidien Le Devoir, l'historien Michel Gaudette imputait ce prétendu antisémitisme aux relents de catholicisme qui subsisterait dans notre inconscient collectif. Cela me semble un peu court. C'est oublier que les croisés catholiques ont aussi massacré des Arabes au nom de leur foi. Au Québec comme ailleurs, la religion catholique a souvent été intolérante envers l'autre.

Affaire de langue

Je ne suis pas historien, ni politologue, mais Montréalais depuis presque dix ans. C'est à ce titre que je vais tenter une hypothèse pour expliquer en partie les nuances qui distinguent les Québécois des autres Nord-Américains dans leur interprétation du contentieux arabo-israélien.

Au Québec, l'indigestion religieuse des années soixante nous a rendus allergiques à toute forme de foi dans la sphère publique, qu'elle soit catholique, juive ou musulmane. Je postule donc que ce n'est pas la religion qui influence nos positions mais la langue. À Montréal, tout le monde connaît au moins un Arabe. Que ce soit au restaurant, dans un taxi ou à l'épicerie, on peut discuter avec eux parce qu'ils parlent français. Et de quoi croyez-vous qu'on parle ces temps-ci ? Je ne dis pas qu'on nous lave le cerveau mais que nous sommes exposés à une autre vision.

La communauté juive a fait le choix de la discrétion et de l'anglophilie (hormis les Séfarades, qui sont francophones). C'est son droit le plus strict. Mais elle ne doit pas s'étonner que les Québécois comprennent mieux le point de vue des Arabes francophones. Pour exposer ses positions, la communauté juive doit faire un effort pour apparaître en français aux Québécois. Après tout, elle le réussit très bien en anglais avec les Canadiens.

Et puis, une fois pour toutes, ce n'est pas parce que les Québécois se montrent sensibles aux malheurs des civils libanais qu'ils sont antisémites. Ce n'est pas malsain de critiquer un gouvernement qui perd tout sens de la mesure, c'est un devoir. Un devoir qui incombait notamment au Canada du temps de Pearson et de Trudeau. Un devoir qui échoit maintenant au Québec, minuscule -- et désormais unique -- contrepoids à l'hégémonie de la pensée anglo-saxonne en Amérique.

Madame Kay, vous prétendez redouter l'émergence d'une république totalitaire et obscurantiste au Québec. N'ayez crainte, la nuance se porte très bien ici. Par contre, à votre place, je m'inquiéterais davantage de la vassalité inconditionnelle du Canada à l'Empire états-unien. C'est que le bigot W n'est pas réputé pour la subtilité de sa gouvernance.

Un conseil en terminant. Vous cherchez des terroristes ? Commencez donc par nettoyer votre cour. Aux dernières nouvelles, c'est à Toronto que se terrait la terreur.

liens
http://www.ledevoir.com/2006/08/15/115877.html

La SSJB porte plainte au Conseil de presse contre un article du National Post

MONTREAL (PC) - Après l'indépendantiste bien connu, Gilles Rhéaume, au tour de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal de déposer une plainte au Conseil de presse du Québec contre un article paru jeudi dans le National Post.

Selon le président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Jean Dorion, l'article de la journaliste Barbara Kay est un cas de pure diffamation contre le peuple québécois.

L'article relie la manifestation pour la paix au Liban, dimanche dernier à Montréal, à l'antisémitisme qui a marqué, selon la journaliste, le discours intellectuel au Québec tout au long de son histoire.

Plus de 15 000 personnes ont participé à cette marche, dont des personnalités biens connues, telles le chanteur et cinéaste Dan Bigras, l'ancien ministre libéral Denis Coderre et le chef du Parti québécois André Boisclair.

Selon M. Dorion, le texte du National Post ne tient pas compte de la participation à la manifestation de personnes de confession juive, dont plusieurs très identifiables, et que la foule a vivement applaudies.

Dans une entrevue à NTR, M. Dorion a affirmé que l'article confond le sentiment de sympathie que les Québécois peuvent éprouver à l'endroit des Libanais, davantage que pour Israël dans le conflit actuel, à l'antisémitisme qui a déjà marqué notre société dans le passé. De plus, il lui reproche d'avoir omis de rapporter qu'il y a eu malheureusement de l'antisémitisme partout en occident et qu'il y en avait davantage au Canada anglais à la même époque.

Par ailleurs, M. Dorion soutient que la présence d'un nombre infime de drapeaux du Hezbollah lors de la manifestation de 15 000 personnes n'autorise pas Mme Kay à décrire les dirigeants québécois présents comme des politiciens sans scrupules à la tête d'un ralliement pro-terroriste. Il qualifie ces propos de totalement absurdes.

L'article prédit également qu'un Québec indépendant deviendrait immédiatement un repaire de terroristes.

Le président la Société Saint-Jean-Baptiste réclame que le National Post s'excuse d'avoir publié cet article qu'il juge diffamatoire et contre le peuple québécois.

liens
http://www.cp.org/english/online/full/FrMedia/
060811/Y081104AU.html



Lettres: Contre la guerre et contre Kay

Heather Smith
Burnaby, Colombie-Britannique, le 16 août 2006
Édition du mercredi 23 août 2006


Je suis née à Montréal et je suis fière d'être québécoise. Je suis aussi canadienne, et je veux dire qu'il y a beaucoup de Canadiens qui sont contre la guerre en Liban (ainsi qu'en Afghanistan et en Irak). Nous sommes aussi contre les idées de Mme Kay, la «journaliste» du National Post. J'ai lu ce qu'elle a écrit: parce que les Québécois sont pour la paix, ils sont antisémites et accueillent les terroristes. Je ne pouvais pas vraiment croire que des gens pensent comme ça. C'est choquant! Je suppose que je suis naïve.

Je suis contre la guerre parce que c'est illégal, parce que ça détruit des infrastructures libanaises et des vies. On ne doit pas punir des civils !

Je ne suis pas contre les Juifs; je suis contre des chefs militaires israéliens et américains qui emploient Israël pour contrôler le pétrole au Proche-Orient. Ils doivent le faire, car le dollar américain est basé sur le prix du pétrole : si le prix tombe, le dollar va tomber, ainsi que l'économie des États-Unis.

En conclusion, je suis fière que la plupart des Québécois et qu'une majorité de Canadiens soient pour la paix. Il est clair que le premier ministre Stephen Harper et son parti ne sont pas d'accord avec nous. Il apparaît qu'il y a une différence entre ce qu'ils ont dit et ce qu'ils font. Souvenons-nous-en aux prochaines élections.

liens
http://www.ledevoir.com/2006/08/23/116501.html?362

Malgré les dénonciations de plusieurs confrères chroniqueurs québécois et de celle du premier ministre Jean Charest qui a qualifié son propos de grossièreté, la commentatrice Barbara Kay répète dans un article publié le 17 août dans le National Post, que le Québec est menacé d’être un jour dirigé par des gens qui le transformeront en Quebecistan.

La réplique que la chroniqueuse montréalaise signe dans le «National Post» aujourd’hui irrite hautement le porte-parole de la Ligue Québécoise contre la francophobie canadienne, Gilles Rhéaume, qui porte plainte pour que Mme Kay et le journal écopent de sanctions criminelles.

Barbara Kay reproche de nouveau à des politiciens provinciaux et fédéraux d’avoir participé à une manifestation d’appui au peuple libanais, le 6 août dernier, dans laquelle ont surgi des drapeaux du Hezbollah.

Elle reconnaît que d’autres manifestations du genre ont eu lieu ailleurs au Canada, mais elle signale qu’il n’y a qu’à Montréal que des politiciens y ont participé.

Parmi eux, figuraient les leaders souverainistes André Boisclair et Gilles Duceppe, mais aussi le député libéral fédéral Denis Coderre.

Mme Kay soutient que l’imposante communauté juive de Montréal a été dévastée par la haute insensibilité de ces politiciens.

Elle conclut en écrivant que par leur comportement, des leaders politiques et syndicaux du Québec ont rendu encore plus légitime l’anti-sémitisme au Québec et que si le pouvoir politique leur était livré, il pourrait ainsi naître un Quebecistan.

Dans le recours qu’il envisage contre Mme Kay et le quotidien, Gilles Rhéaume invoque les articles 318 et 319 du code criminel canadien en signalant que ses textes constituent de la propagande haineuse contre les Québécois. À son avis, ils ternissent la réputation de tout un peuple qui ne le mérite pas.

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