lundi, août 28, 2006

Vous reprendrez bien un peu de liberté !!!

Vu à la télé.
Quelqu'un se souvient-il encore des premiers jours de la guerre en Iraq ?
Je veux parler du dernier épisode. Celui qui dure depuis mars 2003.
Oui, la coproduction américano-britannique.
Pire que les épisodes de Dallas.
Ces derniers moments où Saddam Hussein était encore au pouvoir, où Collin Powels agitait un flacon de poudre de blanche devant les télés du monde entier, à la tribune des Nations-Unies ?
Où le grand Dominique, d'un geste du menton et de grandes phrases théâtrales défendait le droit ?
Où la terre entière gobait tous les mensonges américains : armes de destruction massive, armes chimiques, armes biologiques, paix, sécurité, axe du bien contre axe du mal, démocratie...
Sous un déluge de feu.
Des avions américains larguant des milliers de bombes sur les infrastructures iraqiennes, détruisant administrations, ponts, routes, immeubles résidentiels, etc.
Il a fallu d'interminables jours avant que l'armée de terre n'arrive à Baghdad et que la terreur s'installe.
Il y a, depuis mars 2003 à ce jour, plus de 250.000 morts (dont 2600 soldats américains) en Iraq et le compte est loin d'être clos.
Plus de 300 milliards de dollars dépensés.
Une moyenne de 1 million de $ par tué.

Vu à la télé.
Pareil au Liban.
34 jours de bombardements aériens sur des infrastructures civiles, sur les ambulances, les camions de vivres, de médicaments...
L'horreur de part et d'autre.
Pour montrer que les 11 milliards de dollars annuels des impôts des contribuables américains ont été judicieusement investis en bombinettes de tout genre.
1300 morts pour l'instant.
Ce sont les décors qui ont tout pris.

Vu à la télé.
Quant à la Palestine, c'est le pire qui puisse s'imaginer. Un Etat bantoustan, enclavé dans Israel, clos derrière un mur de béton de 8 mètres de haut, traversé par des routes goudronnées bordées de barbelés que seuls les israeliens sont autorisés à emprunter, et bombardé incessament depuis des années. Koh-Lanta en plus difficile.
Vous n'avez pas intérêt à croire à une blague téléphonique d'un Lafesse local.
Dans les cas les plus favorables, voici ce qui se passe (j'imagine):
Driiing ! Driiing !
- Allo ?
- Ici, le lieutenant xxxx, vous avez un quart d'heure pour faire vos bagages, la maison va être rasée.

La chasse au trésor.
Un quart d'heure plus tard, un hélicoptère, un avion ou un drone lance un missile qui rase l'immeuble.

Pas vu à la télé.
Il y a fort longtemps, Cicéron écrivait "Je préfère la plus injuste des paix à la plus juste des guerres".
Quand vous êtes victime d'une injustice, d'où quelle vienne, et que vous êtes dans un Etat de Droit, vous avez toujours un recours et l'espoir qu'une action en justice finisse par rétablir ce bon droit.
C'est parfois insupportablement long et périlleux, telles l'affaire Secznec ou plus tôt l'affaire Dreyfus mais l'espoir que le Droit prévaille est un moteur suffisant pour cimenter une société pacifiée et offrir une alternative à la violence.
Ca ne se passe donc pas à la télé.
Dans les pays qui nous sont servis tous les soirs au 20 heures, l'espoir du Droit n'existe pas.
Votre voisin peut vous tuer à tout moment.
Katioushas, bombes à fragmentation, chars, fusils ou autre.
Ad patres.
Allez donc exercer votre droit à titre posthume.

C'est donc l'escalade et, de violence en violence, la politique de la terre brûlée d'un côté et, de l'autre, finalement croire que la violence d'Etat sera le bras armé d'une justice populaire.
Pour sauver la voiture, les courses au supermarché, la télé à écran plat, le dernier ordinateur ou téléphone à la mode, les vacances en Ardèche et que sais-je encore ?
Pendant que des milliers de personnes se font tuer, l'Amérique entière a ainsi les yeux braqués sur le 11e rebondissement de l'assassinat d'une petite fille, il y a plus de 10 ans.
C'est la une des principaux médias.
90% de couverture.
C'est ce qu'ils ont envie de regarder.

Dans la plupart des pays occidentaux, les médias sont aux mains des pouvoirs en place : ici un gouvernement, là un industriel de l'armement, plus loin un banquier, là un pétrolier.
Les médias indépendants font figure d'exception et ne disposent que d'une audience réduite, alibi suffisant pour qu'ils ne représentent pas un danger pour l'information véhiculée par les canaux officiels.
Quels qu'ils soient.
L'accroissement du nombre de journalistes tués dans le monde montre bien combien il est difficile de faire ce métier avec courage.
La plupart des journalistes se sont donc complu à être réduits à retranscrire et à broder autour de dépêches auxquelles ils sont abonnés et qui arrivent sur leur ordinateur personnel.
Au mieux, il y a une dissertation sur le sujet : thèse, anti-thèse, synthèse.
En fonction du journaliste, de la ligne éditoriale, des campagnes publicitaires prévues de la maison,etc. l'information est présentée (ou pas) avec un degré de finesse relative.
Mais c'est toujours la même qui est à la source des différentes opinions.
C'est une seule voix qui chante une octave plus haut ou plus bas ou encore à la quinte.
La même voix. En canon.
Frère Jacques, Dormez-vous ?

Cette musique devrait finir par lasser.
Il n'en est rien, l'esprit paresseux aime la musique facile.
Celle qui n'interrroge pas, ne pose pas de question.
Ou du genre : super ou sans plomb ?
Magnifique perspective donc pour les journalistes qui voudraient réellement exercer leur métier : être grand reporter et risquer sa peau ou pigiste.
Nous avons oublié dans cet exercice (la démocratie) que l'information et son contrôle équivalent au contrôle de la population.
C'est le pouvoir du peuple exercé par l'intermédaire d'hommes et de femmes régulièrement élus.
Ce pouvoir passe désormais exclusivement par le filtre des canaux d'information qui sélectionneront quelles 30 secondes (montage compris) vous seront présentées.
C'est le format d'une pub.
Il est désormais impossible d'être élu si n'apparaît pas la magique étiquette "vu à la télé !".

Ces canaux d'information sont cependant contrôlés par des intérêts privés et partisans.
Il serait ridicule de reprocher à D. ou L. de vouloir que leurs journaux (donc les journalistes) ne portent pas ombrage à leur industrie.
Pour que le citoyen puisse glisser son bulletin de vote en pensant faire un choix éclairé, il est important qu'il ait la possibilité d'être honnêtement informé des alternatives.

Qu'un journaliste écrive des choses qui ne me plaisent pas n'est donc pas la question.
Il est important de connaître les limites dans lesquelles son champ d'expression agit.
Il est donc de notre intérêt que ce champ soit potentiellement infini et que seules sa compétence, sa curiosité et sa morale lui soient imposées comme limites.
Exercer son libre-arbitre.
Comparez avec notre presse nationale qui est inféodée aux banquiers et industriels de l'armement.
Il y a même des multinationales.
Comment s'étonner que leur objet principal - la publicité (ce qui inclut donc le service public) qui tourne en permanence - soit pour vendre les produits disponibles en magasin ?
Il n'y a donc de place qu'aux guerres, aux massacres, aux destructions (suivies de reconstructions), à la peur puis la haine de son voisin.
Comptant ou à crédit.
Sur plusieurs générations.
A des degrés divers, bien entendu.

En Europe, c'est devenu aujourd'hui plus ou moins virtuel.
Plus loin c'est la réalité.
Forcément, il faut bien sélectionner les studios pour tourner les saisissantes images dont on nous abreuve.
Tout en nous jurant qu'il n'y a pas d'autre solution que nos impôts payent les intérêts aux banques ou financent notre défense.
De temps en temps, quand le public se lasse, on délocalise le conflit dans un nouveau cadre.
Ca permet de prendre contact et de découvrir les différentes cultures qui nous entourent.
Une autre façon de montrer l'exposition coloniale.
Une vision bucolique du monde.

Règlement de la dette (et ses intérêts) et défense nationale sont les deux postes les plus importants de la dépense publique (nos impôts).
Et ce sont les bénéficiaires de ces mannes qui détiennent les robinets de l'information.
L'eau chaude et l'eau froide.
Et l'on s'étonne de la tiédeur des peuples.
Ils sont payés pour nous distraire pas pour nous informer et ils le font très bien.
Si on vous montre un distributeur automatique de liberté (la télé), vous devriez cherchez l'erreur !
Puis la corriger.

La liberté se prend. Elle ne se donne pas.
Je vais donc en (re)prendre un peu, au risque d'offusquer.

liens
http://blog.france2.fr/ricercar/index.php/2006/08/23/
35832-vous-reprendrez-bien-un-peu-de-liberte

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