mardi, août 22, 2006

Stopper les incendiaires de l’équipe Bush...

Moyen - Orient . La poursuite d’une stratégie de la force dont le bilan est pourtant calamiteux partout fait monter les périls dans la région et bien au-delà. Des voix s’élèvent outre-Atlantique.

Jusqu’où ira l’admistration Bush dans les guerres qu’elle entend conduire sur plusieurs fronts comme autant de moyens de faire surgir - s’il le faut du chaos - un « nouveau Moyen-Orient » ? Le monde est en droit d’être inquiet après l’épisode de la guerre libanaise et les menaces que la logique de « guerre globale au terrorisme » font surgir sur d’autres parties de la région (Iran, Syrie). Le président des États-Unis confirmait samedi, en marge d’une visite opportune au centre ultrasophistiqué de McLean, chargé d’analyser tout le renseignement lié au terrorisme, sa détermination à poursuivre dans cette voie. La guerre qui vient de ravager le Liban fait partie, affirme-t-il, « d’un combat plus vaste qui se livre dans la région entre la liberté et le terrorisme ». Et de reprendre les termes très controversés utilisés par sa secrétaire d’État, Condoleeza Rice, en justifiant que le Liban se trouvait « dans les douleurs de l’enfantement » à un « instant charnière de son histoire. »

Le bilan est accablant

La fuite en avant dans cette stratégie a déjà fait de terribles dégâts. Loin de les réduire, elle a envenimé toutes les crises de l’Afghanistan à l’Irak en passant par la Palestine. Comme le prouvent encore les événements de ce week-end : affrontements meurtriers entre l’OTAN et les taliban, massacres de dizaines de chiites en pèlerinage en Irak où la guerre civile s’est, de fait, installée, enlèvement du vice-premier ministre palestinien à Ramallah et violation du cessez-le-feu par Israël au sud-Liban.

Le bilan est accablant par rapport aux intentions proclamées de l’administration qui justifia, en son temps, la guerre par le souci de « démocratiser » et de « pacifier » ces pays. Mais George W. Bush ne semble pas pour autant prêt à changer d’optique. Selon diverses sources provenant d’indiscrétions du Pentagone ou même de l’administration US, des frappes sur les sites nucléaires iraniens constituent une option très sérieusement envisagée. On imagine dans quelles convulsions une telle escalade pourrait plonger la région et sans doute la planète sur fond de crise pétrolière majeure. Dire que les apprentis sorciers de l’équipe Bush menacent la paix mondiale n’est donc pas un vain mot.

Certes on ne peut pas dire que le monde n’était pas prévenu. Car s’il faut reconnaître un mérite aux néoconservateurs qui constituent le noyau dur de l’équipe aujourd’hui au pouvoir à Washington c’est bien d’avoir annoncé la couleur. En pointe aux côtés d’une multitude de think tanks ( centres de réflexion) le Projet pour un nouveau siècle américain (Project for a New American Century) n’y va pas par quatre chemins, décrivant le rôle de puissance dominante incontestée qui doit être celui des États-Unis « à l’heure de la globalisation ». Avec pour mission de répandre sans complexe les valeurs occidentales sur toute la planète car, théorisent des penseurs comme William Kristol, Robert Kagan ou Paul Wolfowitz (devenu depuis un an directeur de la Banque mondiale), « la supériorité de ces valeurs-là doit être assumée. » Autrement dit : il faut faire place nette pour faciliter le déploiement des grands groupes états-uniens et niveler comme de vulgaires barrières obsolètes toutes ces vieilles réminiscences nationales, sociales ou culturelles qui seraient autant d’obstacles venant encore s’opposer à leur règne.

Les contradictions cependant semblent aujourd’hui s’exacerber entre les objectifs avancés et les résultats obtenus par la stratégie chère aux faucons de Washington. On vient de le voir dans la guerre du Liban où le but officiel proclamé - l’éradication du Hezbollah, inscrit par la Maison-Blanche sur « l’axe du mal » - n’a pas été atteint et où le conflit a, tout au contraire, contribué à conforter au moins politiquement l’organisation islamiste. Mais on le constate aussi dans tous les pays du monde arabo-musulman où « la guerre au terrorisme » agit comme la principale aide au recrutement d’organisations intégristes qui fleurissent désormais, de l’Égypte au Maroc en passant par la Jordanie. Du coup, aux États-Unis mêmes, la résistance aux va-t-en-guerre du gouvernement grandit. Les actions à l’initiative des pacifistes gagnent en ampleur. Et, au sein même des cercles dirigeants, certains tirent la sonnette d’alarme. En pointant en particulier les conséquences qu’aurait une confrontation avec l’Iran « pour la sécurité même du peuple américain ».

lettre ouverte à George W. Bush

Une vingtaine d’anciens diplomates et militaires viennent ainsi d’appeler, dans une lettre ouverte, George W. Bush à entamer immédiatement des négociations avec Téhéran. « En tant qu’anciens dirigeants militaires et responsables de la politique étrangère, nous appelons l’administration Bush à engager immédiatement des discussions directes avec le gouvernement d’Iran sans conditions pour aider à résoudre la crise actuelle au Moyen-Orient, », écrivent-ils. Et de mettre en garde contre l’idée d’utiliser la force militaire. « Les crises actuelles doivent être réglées par la voie diplomatique et non par les armes », précisent les signataires parmi lesquels figurent les généraux Robert Gard et Joseph Hoar ou encore Morton Halperin, ancien responsable du Département d’État. La semaine dernière, l’ancien ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Richard Holbrooke, un démocrate, avait également appelé à une diplomatie plus active au Moyen-Orient et à des négociations avec l’Iran et la Syrie, dans un point de vue publié dans le Washington Post. Et il exhortait le président à éviter « une réaction en chaîne » qui « pourrait se produire très vite, pratiquement partout entre Le Caire et Bombay ».

Les incendiaires de l’équipe Bush n’ont donc pas le champ aussi libre que pourraient le laisser penser les super-pouvoirs et les moyens militaires exorbitants dont ils se sont dotés. Il faut tout faire partout pour les arrêter. Avant qu’il ne soit trop tard.

Bruno Odent

liens
http://www.humanite.fr/journal/2006-08-21/2006-08-21-835214

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