vendredi, septembre 01, 2006

David et Goliath

Court préambule à l'intention de ma soeur qui m'a prié d'aborder un sujet frivole.

J'ai planté un olivier dans le jardin.
Le cèdre, voisin, l'a accueilli en grande pompe et lui a promis son ombre tutélaire.
J'étais mort de rire, le cèdre toisant, du haut de ses 20 cm, l'olivier qui mesure 1m50.
J'ai hâte de surprendre la suite de leurs conversations..

Ainsi donc David a-t-il dû, une fois de plus, se résoudre à terrasser Goliath.
La guerre du Liban a montré d'un côté un pays, riche, fort et puissant, disposant de l'armée la plus aguerrie et la mieux armée du monde. Des avions, des chars, des soldats, des bombes intelligentes et atomiques. Le soutien quasi-inconditionnel de la presse internationale, une diaspora active et puissante dans tous les pays occidentaux.

Ce puissant vit dans la peur depuis sa naissance.
Son armée a rasé le Liban, terrain de foot de prédilection des puissances régionales, détruisant ses infrastructures civiles et industrielles.
Elle a tué indistinctement femmes, enfants, vieillards ainsi que militaires et laisse 700.000 personnes sans logement. 130.000 maisons ont été détruites ou endommagées, dont 50.000 dans la banlieue sud de Beyrouth.
Cela sans compter le désastre écologique, les côtes de la Méditerranée dégoulinant d'un Pétrole - mille fois maudit - dont les nappes lèchent les côtes de la Grèce et de la Turquie.
Des dizaines de milliers de militaires surarmés opposés à quelques milliers de combattants qui, somme toute, n'ont fait que répondre aux attaques avec modération.
Au plus grand déferlement de fer et de feu qui se soit abattu sur le Liban, dont des armes au phosphore et des bombes à sous-munitions interdites dans des zones civiles, ils ont répliqué par des bombes dont la technologie remonte à la deuxième guerre mondiale.
Ils ont aussi combattu les soldats présents sur leur territoire auxquels ils ont réservé les armes les plus sophistiquées.

La campagne de presse veut faire croire à l'Occident, aux pays civilisés, que cette guerre était une réponse - disproportionnée - à l'enlèvement de deux soldats par les barbares, les arabes.
La réalité est un peu plus complexe que cela.
Il y a des milliers de kilomètres carrés envahis par Israël et non restitués en dépit des nombreuses résolutions de l'ONU.
Il y a des milliers de personnes, pour la plupart civiles, enlevées et détenues arbitrairement.
Libanais et Palestiniens.
Pas de charge, pas de procès, rien.
Ils sont en prison, un point c'est tout, pour des raisons que nul n'a à juger puisqu'ils ne sont accusés de rien, inculpés de rien.
Les familles ont le plus grand mal pour prendre de leurs nouvelles.
L'arbitraire le plus absolu, la loi du plus fort.
C'est pour avoir une monnaie d'échange que le Hezbollah (qui a été créé en 1982 en résistance à l'invasion israélienne de l'époque et qui n'a jamais commis d'action hors du territoire national) a enlevé, à la frontière, les deux soldats.
Je déplore comme vous ces méthodes violentes, de part et d'autre, mais ce sont les faits.
Il faut observer et rapporter une situation dans son ensemble et dans sa chronologie, sans omettre les détails qui contrarient, avant de porter un jugement.

L'envahisseur, ce Goliath, est celui qui a finalement perdu la guerre.
Il a montré à la terre entière la philosophie qui régit ses actions.
Irrespectueux de ses interlocuteurs, ennemis comme amis (l'attaque contre le camps de l'ONU, parfaitement balisés et connus de tous, et la mort de quatre soldats en fait foi), et prompt à la plus grande violence.
Démesurée et irréfléchie, quoique préparée de longue haleine.
Quelles que soient la légitime colère et peur d'Israël, de son peuple, de son armée et de son gouvernement, l'enlèvement des deux soldats prétexte de la guerre, ne pouvait justifier pareille violence aveugle contre un peuple voisin.
Cette colère et cette peur existaient des deux côtés.
Leur expression reste légitime dans la mesure des réponses et des moyens apportés.
Goliath, en parfait matamore, a rasé un pays pour montrer sa force et ses brillantes capacités de négociateur cependant que David, armé d'un lance-pierre, savait qu'aux pierres répondraient le feu et le fer !
Mais, contrairement à l'histoire biblique, David n'a pas tué Goliath.
Je ne pense pas qu'il en ait vraiment eu la volonté.
Il souhaite simplement son départ de ses terres et la mise en place d'un vrai processus de négociation où la force soit exclue au profit du droit.
Ce n'est pas celui qui tue le plus grand nombre qui remporte une guerre.

Goliath a cependant récolté d'une retenue. Il a mérité de l'apprendre.
Le Moyen-Orient a montré - à quel prix ? - de quel côté se trouvait la modération.
Vous négociez, vous, avec un fusil sur la tempe ?
D'un côté les peuples palestiniens, iraqiens, afghans et libanais, auxquels se joindront bientôt les peuples iraniens et syriens, dont on noie les velléités de négociation sous des apocalypses de feu et de hautaine condescendance et, de l'autre, le peuple d'Israël auquel la peur (et son parrain américain) prodigue des armes et de mauvais conseils.

David ? Goliath ? Un deuxième round ?
Il reste sûrement quelques pierres, vergers et oliveraies à raser.
Voisins, vous êtes les bienvenus, ma maison est la vôtre.
Je préférerais, cependant, que vous veniez (et partiez) en paix.

liens
http://blog.france3.fr/ricercar/index.php/2006/08/
30/36242-david-et-goliath

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