samedi, juillet 22, 2006

A la recherche du soldat Shalit, Tsahal détruit les ministères palestiniens

LE MONDE 20.07.06 14h08
GAZA ENVOYÉ SPÉCIAL

Lundi, alors que l'attention de la communauté internationale était rivée sur le Liban sud, un chasseur bombardier israélien soufflait les huit étages du ministère des affaires étrangères palestinien à Gaza. Du bâtiment flambant neuf qui faisait la fierté des diplomates, il ne reste plus qu'une pyramide de gravats d'où émergent des lambeaux de mobilier. Pour l'armée israélienne, ce raid fait partie intégrante de l'offensive en cours destinée à obtenir la libération du caporal Gilad Shalit, enlevé le 25 juin, et l'arrêt des tirs de roquettes artisanales Qassam sur le sud d'Israël. Le fait que le portefeuille des affaires étrangères soit détenu par Mahmoud Zahar, l'un des dirigeants fondateurs du Hamas, n'est sûrement pas étranger au choix de la cible.

Mais pour Majdi Al-Khaldi, un haut responsable du ministère, quelle que soit l'intention de départ d'Israël, "cette action est un crime de guerre. Nous avions inauguré cet édifice à la fin de l'année dernière, dit-il. Pour financer sa construction, qui avait duré trois ans, l'Autorité palestinienne avait contracté un prêt de 3 millions de dollars auprès d'une banque de développement égyptienne. Les bureaux étaient équipés d'un système de communications sophistiqué qui nous permettait d'être reliés à l'ensemble de nos ambassades. Il s'agissait d'une institution publique, supposée établir les bases de notre Etat. Mais, pour une raison qui m'échappe, tout ce travail a été réduit en poussière."

"UNE GUERRE OUBLIÉE"

Situé quelques rues plus loin, dans le même quartier du centre-ville de Gaza, le ministère de l'intérieur a lui aussi été bombardé. Sous l'effet de l'explosion, trois étages se sont empilés les uns sur les autres, donnant à l'une des ailes du bâtiment l'allure d'un mille-feuille en béton. De peur d'un effondrement général de la structure, les bureaux épargnés par la déflagration ont été vidés de leur équipement avant d'être interdits d'accès. Des piles de classeurs en attente de déménagement encombrent les couloirs, dont le sol est jonché de bris de verre.

Le même spectacle de désolation règne dans le ministère de l'économie, qui a été pris pour cible, la semaine dernière, lui aussi, peu après l'attaque menée contre le bureau du premier ministre, Ismaïl Haniyeh. "Dans les préoccupations de la communauté internationale, nous arrivons désormais en troisième position, après le Liban et l'Irak, explique Alaa Mesharawi, un analyste politique. Cela autorise Israël à détruire nos infrastructures, à nous obliger à vivre sans électricité et sans eau et à semer la mort dans nos familles sans qu'il ait à s'inquiéter d'éventuelles répercussions diplomatiques."
Mercredi 19 juillet, l'offensive israélienne s'est concentrée sur le camp de réfugiés de Maghazi, au centre de la bande de Gaza. Une colonne d'une trentaine de tanks y a pénétré dans la matinée, dans le cadre, affirme un porte-parole de l'armée, des efforts engagés pour retrouver le soldat Shalit. Dix Palestiniens ont été tués dans les combats, dont des civils, et six soldats israéliens ont été blessés. Alors qu'une incursion militaire israélienne avait eu lieu le même jour à Naplouse, au nord de la Cisjordanie, des tirs de missiles ont frappé, jeudi matin, un poste de police de Gaza.

Un rapport des Nations unies, publié mercredi, a comptabilisé 168 frappes aériennes et 600 tirs d'obus de l'armée israélienne sur Gaza depuis le début des hostilités, tuant au total cent Palestiniens, dont trente âgés de moins de 18 ans, sans compter les dix morts de mercredi. "Nous avons une guerre oubliée à Gaza et en Cisjordanie", a déclaré Saëb Erekat, le négociateur en chef palestinien, qui a exhorté la communauté internationale à intervenir pour enrayer "l'escalade militaire israélienne". Après s'être entretenu mercredi soir avec le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'un passage à Gaza, Javier Solana, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, s'est contenté d'appeler à mettre fin "le plus vite possible" à la "tragédie" au Proche-Orient.

Benjamin Barthe
Article paru dans l'édition du 21.07.06

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