Liban : En Israël, quelques voix s’élèvent pour dire non à la guerre

par Caroline STEVAN

Ils seront quelques centaines à manifester, le 22 juillet 2006 au soir, à Tel-Aviv. Peut-être plus, peut-être moins. Parmi eux, Elik El Hanan. Militant pacifiste, cofondateur de l’association « Combattants pour la paix », Elik a déjà refusé de faire son service militaire contre les Palestiniens, il dénonce aujourd’hui le pilonnage du Liban.

« Israël avait le droit de réagir à cette énième provocation du Hezbollah, mais pas de cette manière là. Il n’y a rien au monde qui puisse justifier une telle réaction ; le coût est trop élevé des deux côtés et c’est totalement contre-productif, clame le jeune refuznik. Israël crée de la colère et renforce le Hezbollah en voulant le détruire. C’est le Liban qui est touché et affaiblit. »

Déjà marginalisé sur le dossier palestinien, le discours pacifiste l’est encore plus au sujet du Liban ; « c’est le Hezbollah qui a commencé ». « Nos médias soutiennent massivement Tsahal, on ne voit pas de reportages sur ce qui se passe vraiment de l’autre côté de la frontière. Les gens, dès lors, sont persuadés d’être dans le juste », note Elik. « On voit bien quelques morts libanais à la télé, mais il y en a aussi chez nous, et un mort ici en justifie mille là-bas, ajoute Nurit, sa maman. On nous faite croire que le Hitler d’hier est le Nasrallah d’aujourd’hui. La peur gagne du terrain et nos dirigeants réagissent comme la racaille de la rue. Mais si la racaille a des couteaux, Eux ont des tanks, des avions et des bombes. »

En 1997, Nurit Peled El Hanan a perdu sa fille de 14 ans dans un attentat à Jerusalem. Cela n’a pas entaché ses motivations pacifistes. Ses deux fils sont devenus refuzniks. Adam Maor a lui aussi tourné le dos a ses obligations militaires et cela lui a valu deux ans de prison. Etudiant au conservatoire de Genève, le jeune homme passe l’été à Haïfa, d’où il est originaire. Souvent présentée comme un exemple de tolérance, la ville du Nord est aujourd’hui prise sous les tirs du Hezbollah. D’où l’importance d’aller manifester : « Il est primordial que nous puissions faire entendre notre voix, montrer que tout Israël ne soutient pas cette guerre horrible. Même si nous n’arrivons pas à convaincre... » Mardi 18 juillet 2006, un premier soldat israélien, le sergent de réserve Itzik Shabbat, a refusé d’entrer en guerre contre le Liban.

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