Un député russe accuse l'armée fédérale d'avoir tué la plupart des 332 otages morts à Beslan.

Le rapport de Iouri Saveliev révèle que les explosions survenues dans le gymnase, le 3 septembre 2004, et qui constituèrent le prélude à l'assaut des forces fédérales sur le bâtiment rempli d'otages (1 127 personnes) n'ont pas été causées par l'explosion des bombes du commando terroriste, comme le prétend le parquet, mais par les tirs de deux roquettes (dont une incendiaire) lancées depuis les toits voisins par les forces de l'ordre. Le sérieux de Iouri Saveliev, physicien de formation et ancien recteur d'une école militaire de Saint-Pétersbourg, ne peut être mis en doute.
Selon ses conclusions, la première roquette, tirée à 13 h 03 sur le gymnase depuis le toit d'une maison située à 200 mètres du bâtiment, était incendiaire. Appelée "Chmel", cette arme à grande pénétration est une mini bombe dont se servent les troupes d'assaut russes pour détruire des caches ou des blindés. Une fois en contact avec sa cible, elle explose en une boule de feu, envoie des ondes de choc de grande puissance, puis absorbe l'oxygène des espaces clos, asphyxiant tout ce qui a pu survivre à l'explosion initiale.
PREUVES IGNORÉES

Juste après les tirs, le commando terroriste "a fait sortir entre 300 et 310 otages du gymnase pour les transférer dans l'aile sud de l'école", a-t-il expliqué. Malgré cela, l'aile sud "a essuyé des tirs massifs de tous les types d'armes en possession des forces fédérales", notamment "des armes automatiques, des lance-grenades et des blindés", affirme le député, dont le rapport se base sur des témoignages, l'examen des expertises techniques et de nombreux documents filmés.
Sa version des faits corrobore celle des habitants de Beslan, qui avaient remis au parquet les cylindres vides des roquettes, trouvés par eux non loin de l'école. Ces preuves avaient été longtemps ignorées, puis le parquet avait fini par reconnaître l'emploi des armes incriminées, assurant toutefois qu'il avait eu lieu bien plus tard, à 18 heures, alors que le gymnase ne comptait plus de survivants. Cent soixante personnes seraient mortes dans l'incendie, d'autant plus meurtrier que les pompiers, alertés à 13 h 05, n'ont reçu l'ordre d'intervenir que deux heures plus tard, à 15 h 10.
La publication du rapport n'a donné lieu a aucun commentaire en haut lieu. Alors que la commission parlementaire officielle chargée de l'enquête sur Beslan n'a toujours pas rendu ses conclusions, Iouri Saveliev, qui en est membre, accuse les autorités de chercher à "cacher la vérité".
Marie Jégo
Article paru dans l'édition du 02.09.06
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