mercredi, septembre 27, 2006

Les tenantes d'un 'féminisme musulman' défendent leurs thèses à Paris

Même minoritaire, le féminisme existe bel et bien dans le monde musulman: en atteste un colloque inédit consacré au sujet qui a réuni cette semaine à l'Unesco à Paris des musulmanes venues présenter leurs thèses, qui leur ont valu parfois les foudres de leurs soeurs en islam.

Ce colloque, organisé par la Commission Islam et Laïcité, les a rassemblées au siège de l'organisation internationale où la dirigeante islamiste marocaine Nadia Yassine n'a pu exprimer ses propres vues après avoir été déclarée persona non grata à l'Unesco.

"La procédure de consultation avec son pays - habituelle avec les pays d'origine des personnalités invitées à intervenir dans ses locaux - n'a pas été suivie", a précisé l'Unesco.

Pour les musulmanes, voilées ou pas, qui se sont exprimées, l'islam n'a pu servir à justifier des pratiques culturelles faisant des femmes des êtres inférieurs que parce que les hommes ont eu le contrôle exclusif de l'interprétation du Coran.

Ces féministes, qui restent minoritaires, entendent se réapproprier cette exégèse, notamment pour lutter contre les discriminations dans le droit musulman de la famille.

Le terme "féminisme" est apparu au début du XXe siècle dans le monde musulman, surtout en Egypte. Le "féminisme islamique" remonte aux années 1990. Un premier congrès international s'est tenu en 2005 à Barcelone, appelant au "jihad pour l'égalité des genres".

"Dire que le féminisme est une idée occidentale qui ne peut concerner l'islam révèle une grande ignorance ou sert à dénigrer l'islam et les musulmans", assure Margot Badran, chercheuse au Centre pour la compréhension entre musulmans et chrétiens du prince saoudien Al Walid bin Talal à l'Université de Georgetown (Etats-Unis).

Diplômée d'Al Azhar, cette Egypto-Américaine s'est notamment intéressée à l'acquittement en 2002-2003 "sur la base d'arguments islamiques" de deux Nigériannes condamnées à la lapidation.

"A l'aube du XXIe siècle, une population de femmes musulmanes instruites, éclairées et autonomes a émergé", observe Valentine Moghadam, sociologue et chef de la section "Egalité des genres et développement" à l'Unesco. Leurs questions "peuvent aider à faire évoluer les lois musulmanes", ajoute-t-elle citant l'Iran où féministes laïques et femmes islamistes travaillent dorénavant ensemble.

Figure de proue du mouvement, auteure de plusieurs livres, Amina Wadud a bravé des menaces en mars 2005 pour servir d'imam à une assemblée mixte. Le foulard coquettement noué, cette afro-américaine fille d'un pasteur méthodiste qui l'emmenait écouter Martin Luther King s'est convertie en 1972 car "l'islam réunit amour et justice". Elle se dit "croyante avant d'être féministe".

Professeure à l'université du Commonwealth de Virginie (Etats-Unis), elle refuse tout littéralisme dans la lecture du Coran. Mais ses interprétations audacieuses lui ont valu l'ire d'Asmaa Bekada (Qatar), ex-productrice d'une émission pour les femmes à Al Jazira.

Le féminisme est une notion individualiste et laïque, dénonce Mme Bekada, épouse du cheikh Youssouf al-Qaradhaoui, et les théoriciennes du féminisme islamique ne peuvent légitimement faire d'exégèse car "elles ne maîtrisent pas l'arabe".

D'autres privilégient l'action comme Sisters In Islam, créée en 1988 en Malaisie et qui a obtenu en 1996 une loi criminalisant les violences conjugales et persuadé les religieux musulmans de ne plus cantonner ces affaires aux tribunaux du droit personnel. "Nous leur avons dit: battre sa femme serait un crime pour un chrétien ou un hindou et pas pour un musulman?", explique Norhayati Kaprawi.

AFP
Jeudi 21 Septembre 2006

liens
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d-un-feminisme-musulman-defendent-leurs-theses-
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