mardi, août 08, 2006

La guerre du Liban a été voulue par George Bush

Andrés Allemand
Publié le 05 août 2006


La vérité est sur le terrain. C'est un peu le credo de Hasni Abidi. Le chercheur genevois revient d'un bref séjour à ­Beyrouth, où il a multiplié les entretiens confidentiels. Directeur du Centre d'études et de recherche du monde arabe et méditerranéen, il en retire une conviction troublante: la très vaste offensive israélienne au Liban a été déclenchée pour bien d'autres motifs que les impératifs sécuritaires de l'Etat hébreu. Washington, Amman, Le Caire et Riyad sont mis en cause. Décapante, son analyse mérite qu'on s'y attarde.

Vous soutenez que les Etats-Unis ont commandité l'offensive israélienne au Liban. L'accusation est grave. Est-ce une hypothèse ou une certitude?

J'ai de bonnes raisons d'affirmer que les poids lourds du monde arabe, Arabie saoudite, Egypte et Jordanie, avaient donné leur aval pour une intervention israélienne rapide contre le Hezbollah au Sud Liban. Cela implique forcément que la guerre a été voulue par les Etats-Unis. L'offensive est donc le fruit d'une réflexion et d'une conviction partagées par les Américains et les Israéliens.
Pourquoi donc Washington souhaiterait-il une guerre au Liban?

Pour changer la donne dans toute la région. Affaiblir le Hezbollah, c'est priver Damas et Téhéran de leur principal atout: la capacité de nuisance au Proche-Orient. Cela met Washington en position de force face à la Syrie et surtout l'Iran. Cela, en plein bras-de-fer diplomatique sur le nucléaire iranien.
Quant à Amman, Le Caire et Riyad, ces trois capitales sunnites ne peuvent qu'être soulagées de voir ébranlé le «croissant chiite». L'Arabie saoudite, en particulier, n'aime pas voir l'Iran se profiler en puissance régionale…

Votre thèse n'est-elle pas contredite par les efforts de Condoleezza Rice en faveur d'un cessez-le-feu durable?

Au contraire. Analysez la chronologie de ce conflit. Après l'attaque du Hezbollah dans le nord d'Israël et la prise en otage de deux soldats juifs, Amman, Le Caire et Riyad ont condamné «l'action aventureuse» du Parti de Dieu. L'Arabie saoudite a même obtenu du grand mufti une fatwa condamnant le mouvement chiite et interdisant aux musulmans de le soutenir. Dans l'espoir d'atténuer la colère prévisible des populations arabes au moment de l'offensive israélienne.
Puis, pendant les premiers dix jours de guerre, Washington n'a pas bougé le petit doigt, estimant que son allié était en état de légitime défense. Quand enfin Condoleezza Rice entre en scène, elle se refuse à réclamer la fin immédiate des hostilités et dit travailler à «un cessez-le-feu durable» dans toute la région. C'est-à-dire à un profond changement de la donne.
En attendant que le Hezbollah soit suffisamment affaibli pour que des discussions avec Damas soient favorables à Washington, on organise déjà la reconstruction du Liban. L'Arabie saoudite et les pays du Golfe ont promis trois milliards de dollars à la Banque centrale du Liban. Et Riyad annonce qu'un autre montant est à venir.

Tout de même, n'est-ce pas un pari risqué? Un calcul aléatoire?

Trop souvent on dit ce conflit inextricable. En l'occurrence, la solution existe, tout le monde la connaît: déploiement d'une force multinationale, négociation d'un accord pour les deux fermes de Chebaa occupées par les forces israéliennes, libération d'une partie des prisonniers libanais détenus par Israël et désarmement du Hezbollah dans le cadre du processus d'intégration démocratique.

Mais Israël ne parvient pas à vaincre le Hezbollah. Qui convaincra la milice de désarmer?

C'est moins improbable qu'il n'y paraît. Certes, le Hezbollah ne sera jamais anéanti militairement, seulement affaibli. Mais avec 30 députés au parlement et deux ministres au gouvernement, le Parti de Dieu peut être tenté par la bataille politique. Or, il sait que les Libanais refuseront de lui confier davantage de voix s'il ne désarme pas.
Quant à la Syrie, il n'est pas exclu qu'elle accepte de monnayer le désarmement du Hezbollah contre la réhabilitation du régime sur la scène internationale - par exemple en levant l'embargo. Le pouvoir de Bachar el-Assad est fragile, il n'est pas sûr qu'il bouderait les garanties de Washington

liens
http://www.tdg.ch/tghome/toute_l_info_test/l_ev
enement/liban__5_08_.html

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