Les démographes testent le comptage ethnique
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Par Catherine COROLLER
QUOTIDIEN : Samedi 1er juillet 2006 - 06:00
La querelle est ancienne : pour lutter contre les inégalités de traitement liées aux origines, ne faudrait-il pas les mesurer? Et, pour les mesurer, identifier les origines? En clair, autoriser les statistiques ethniques aujourd'hui interdites en France? Dans une étude à paraître en juillet dans Populations et Sociétés bulletin mensuel de l'Institut national d'études démographiques (Ined) deux chercheurs,Patrick Simon et Martin Clément, entendent conduire une «enquête expérimentale (1) qui teste différentes méthodes de déclaration des origines nationales ou ethniques et enregistre les réactions des répondants».Objectif : évaluer la façon dont les gens se perçoivent et se décrivent. Un questionnaire leur a donc été remis, dont la première partie enregistre des informations comme le pays de naissance et la nationalité du répondant, ainsi que celle de ses parents et de ses grands-parents. La seconde pose directement la question : «Vous diriez que vous êtes d'origine...»Dans la troisième partie, les répondants sont invités à se définir : «Vous considérez-vous comme... Blanc, Noir, Arabe ou Berbère, Asiatique, du Sous-continent indien?»
Conclusion des auteurs : «La déclaration d'origine exprime un choix plus qu'une description fidèle des pays de naissance et nationalité des ascendants.»85 % et 75 % des personnes ayant des ascendants nés au Maghreb et en Europe du sud se considèrent de cette origine, les autres se déclarant uniquement Français. A contrario, la correspondance entre l'origine déclarée et l'appartenance ethno-raciale est forte. 95 % des personnes d'origine africaine ou caribéenne se disent «Noires», celles d'origine maghrébine ou africaine se déclarant «Arabe ou Berbère». «En revanche, si la catégorie déclarée est "Métis", les origines déclarées se dispersent»,notent les auteurs.
L'autre objectif de l'étude était de tester la réaction des répondants à ce type d'enquête. Réponse des chercheurs : «Si, parmi les enquêtés, le principe d'une déclaration des origines géographiques familiales et individuelles ne rencontre pas d'opposition, l'identification "ethno-raciale" suscite le malaise chez beaucoup.» L'utilisation de stéréotypes ethni-raciaux comme «Blanc», «Noir», «Arabe ou Berbère» ou «Asiatique» d'usage courant outre-Manche, est ressentie en France comme un étiquetage péjoratif ou comme une «revendication identitaire».
(1) L'enquête a été réalisée entre novembre 2005 et mars 2006 dans sept établissements (Axa, SNCF, Eau de Paris, l'Oréal, Adecco, Ranstad, ED), trois universités (Villetaneuse, Evry et Paris-VIII), un IUFM (Académie de Paris), et une collectivité locale (le conseil régional d'Ile-de-France). 1327 employés et étudiants y ont participé.
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